L'été indien au Canada

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L'unique magasin et la pompe à essence de Little Buffalo, fermés depuis quelques années.

naturelle qui présente la plus d'avantages d'un point de vue économique. Le territoire Lubicon renferme apparemment d'importants gisements de gaz. Dans les environs immédiats du lac Lubicon, il s'agit vraisemblablement d'un gaz acide.

Expansion économique: des conséquences dramatiques Il est clair que les Lubicon, dans l'intérêt des générations futures, s'opposeront à la prolifération d'usines sur leur territoire. Les compagnies pétrolières et le gouvernement provincial ont pris la responsabilité d'informer les Lubicon de tout projet d'extension sur leur territoire traditionnel. Or, les Lubicon n'ont pas été mis au courant des projets d'exploitation de gaz acide au lac Lubicon. La nation Lubicon est déjà très affaiblie. De nombreux observateurs ont dénoncé les conséquences « génocidaires » de l'exploitation intensive du territoire Lubicon. La destruction de leur économie traditionnelle et de leur mode de vie est le résultat d'un développement économique abusif au profit du gouvernement et des compagnies pétrolières. Selon l'ERCB, d'unité de traitement n'a pas d'impact sur les gens et sur l'environnement [car elle a été construire] près d'une installation pétrolière qui existe déjà". Pris individuellement, les projets dits modestes » qui ne causent soit-disant» pas beaucoup de dommages » paraissent en eftèt relativement peu dangereux. Mais l'ensemble de ces projets a des conséquences dramatiques, au point que la survie du peuple lubicon, en tant que société distincte, est aujourd'hui sérieusement mise en péril. Toujours selon l'ERCB, des bénéfices économiques considérables pourraient être réalisés, et les structures sociales de la bande [des Lubicon] seraient maintenues si on

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pouvait négocier des mesures qui fàvoriseraient la co-existence », Or précisément, c'est l'exploitation massive des ressources sur le territoire traditionnel des Lubicon qui a provoqué la destruction des structures sociales. Le projet de UNOCAL peut éventuellement créer un ou deux emplois, mais aucun Lubicon n'est suffisemment qualifié pour y accéder. Encore tàudrait-il que quelqu'un accepte de travailler dans une usine qui représente un tel danger pour les générations futures.

Gouvernement et intérêts financiers l'ERCB prétend également réfuter les arguments des Lubicon, et ceux d'autres babitants installés aux abords d'installations de traitement de gaz acide, qui démontrent les dangers de ce gaz sur la santé et l'environnement. L'ERCB soutient que leurs discours ne sont pas scientifiques », qu'ils sont mal documentés et sans fondement. L'ERCB reproche surtout aux Lubicon de ne pas tenir compte des conclusions de BovarConcord, société-conseil engagée par UNOCAL, « qui apporte la preuve que l'unité ne menace [pas] la communauté ». {i

L'ERCB oublie de dire que Bovar-Concord est associée au gouvernement provincial de l'Alberta pour la gestion d'une décharge de produits hautement toxiques. Le gouvernement lui garantit des intérêts sur cette installation, déficitaire depuis sa construction. Ces liens privilégiés entre la province et Bovar-Loncord ont déjà coûté 250 millions de dollars aux contribuables depuis 1987, en frais de construction et de gestion; il leur en coûtera cinq fois plus d'ici 2008. Faut-il croire BOllLlr-Coflcord plutôt que ce fermier de l'Alberta, dont les vaches sont malades, meurent, subissent des avortements spontanés et donnent naissance à des veaux ma! formés depuis qu'on a construit une unité de traitement de gaz acide dans la région? UNOCAL a délibérément accéléré la construction de l'usine au lac Lubicon pour la mettre en service à la mi-avril 1994. La démonstration de force déployée à cette occasion par la police montée était sans doute destinée à faire comprendre aux Lubicon qu'ils étaient impuissants face au danger. Les opposants à ce projet sont nombreux, au Canada et dans le monde entier. Ils sont prêts à boycotter les produits de UNOCAL si l'usine du lac Lubicon ne ferme pas ses portes. Si UNOCAL y est contrainte, les autres compagnies pétrolières y regarderont à deux fois avant d'investir en territoire Lubicon; mais si on ne prend aucune mesure contre UNOCAL, les compagnies pétrolières continueront de faire comme bon leur semble.

Source: Rapport de la nation indienne du lac Lubicon, 1er mai 1995. Marine Le Puloch et Robert Par 1. Energy Resources Conservation Board. 2. Alberta Energy and Utilities Board. 3. voir Nitassinan n° 35.

Les chevaux de Bernard Ominayak, le chef des Lubicon, juillet 95.


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