La déforestation en terre indienne

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représentants du gouvernement: « Vous voulez me forcer à accepter de vous vendre les Black Hills pour éviter aux États-Unis la honte de manquer à leur parole. » En 1877, un acte du Congrès décidait de retirer purement et simplement les Black Hills de la Réserve Sioux. Tout ce grand territoire sur lequel tentaient de vivre les derniers Sioux libres qui avaient suivi Crazy Horse et Sitting Bull, était perdu. Au printemps 1877, au terme d'un hiver épouvantable passé à fuir l'armée qui les poursuivait sans relâche, et durant lequel nombre de femmes et d'enfants étaient morts de faim et de froid, le jeune chef Crazy Horse se rendait avec douze cents de ses partisans affamés et épuisés. Crazy Horse maintenait qu' ({ on ne vend pas la terre sur laquelle le Peuple marche. » En septembre de la même année, il était assassiné. Sitting Bull, après avoir passé quatre années de misère au Canada, surveillé par les soldats canadiens qui se contentaient de regarder les Sioux mourir de faim, avait regagné son pays en 1881, échappant de peu à la pendaison. Sitting Bull et Crazy Horse, avec les guerriers sioux et cheyennes, avaient pourtant un an plus tôt infligé à l'armée américaine sa plus cuisante défaite: l'écrasement du 7 e de cavalerie de Custer à Little Big Horn. Les Lakota étaient maintenant des ({ Indiens de Réserves » que les missionnaires et les partisans de l'assimilation (n'hésitant pas à se proclamer "amis des Indiens") s'efforçaient de déposséder de leur culture, de tout ce qui avait constitué leur fierté et leur vie. En 1889, ce qui restait de la Grande Réserve Sioux était démantelé et morcelé en six petites réserves, conséquence de l'application du General Aiiotment Act (partage des terres tribales en propriété privée). En 1910, les États-Unis s'emparaient de la région de Martin (comté de Bennet) puis plus récemment d'une zone au nord de la réserve de Pine Ridge, afin d'y procéder à des essais militaires.

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D'ailleurs ni les Crows, ni les Kiowas ne réclament les Black Hills. Ensuite, ils possèdent les Black Hills au terme d'un traité ({ signé entre deux nations souveraines », également reconnu par le droit international. C'est le traité de Fort Laramie, signé en 1868 et entériné par le Congrès en 1869. Les traités internationaux sont, ainsi que le reconnaissent les Américains, la ({ loi suprême du pays ». Enfin, ils ont un ({ titre spirituel », comparable au lien qui existe entre le peuple d'Israël et le Mont Sinii, les Musulmans et La Mecque, les Catholiques et le Vatican.

Le Black Hills Claim En 1946, le Congrès des États-Unis instituait une commission spéciale chargée de régler une fois pour toutes les réclamations territoriales des tribus indiennes. Cette commission s'était donné pour poli-

tique de régler les problèmes uniquement par le versement d'indemnités. En 1977, la commission pour les revendications territoriales proposait aux Sioux 17,5 millions de dollars pour la saisie illégale des Black Hills en 1877. Cette somme représentait le prix de la terre en 1877, augmenté des intérêts simples. Les avocats des Sioux firent appel. En 1980, la Cour Suprême des États-Unis confirmait l'indemnisation des tribus Sioux pour la saisie illégale des Black Hills, déclarant que l'({ on ne pouvait trouver d'action plus déshonorante dans toute l'histoire des États-Unis, mais qu'on ne pouvait revenir en arrière ». La Cour fit monter l'indemnisation à 105 millions de dollars, somme considérable que les avocats des Sioux se flattaient d'avoir obtenue, bien que les Sioux aient toujours exigé le retour des terres et non une indemnisation financière. Mais la commission, avec la complicité des avocats, comptait sur l'énormité de l'indemnité pour forcer la main aux Sioux (notons que les avocats devaient se partager 10 % de l'indemnité). Alors, les huit Conseils tribaux qui étaient impliqués dans le Black Hi/is Claim refusèrent l'argent et proclamèrent: ({ Les Black Hills ne sont pas à vendre! »

Les droits des Sioux sur les Black Hills Les Lakota possèdent donc les Black Hills à plusieurs titres. D'abord, ils y ont un ({ titre indigène » reconnu par la loi internationale, découlant d'une occupation longue et permanente. Le fait qu'ils en aient repoussé les tribus qui les occupaient avant eux, les Crows et les Kiowas, probablement, n'y change rien. C'étaient les Lakota, avec leurs alliés Cheyennes et Arapahoes, qui occupaient les Black Hills depuis plus de cent ans quand la question de la propriété a été posée.

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