Cheyenne : le long hiver de Parle Rouge

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mettent de comprendre que cette immense tribu soit elle-même divisée en bandes, au nombre de Sept en accord avec le caractère sacré attaché à ce chiffre. Les noms de ces bandes reprennent les caractères déjà rencontrés, mais, en nous rapprochant un peu plus des hommes concrets, ils deviennent plus descriptifs, plus appropr~es à des réalités éprouvées; ils désignent déjà presque les hommes dans leur existence personnelle.

cuisine et exploits Les noms qui suivent sont sûrement connus pour la plupart, mais les significations qU'on leur a attribuées furent parfois erronées ou simplistes. C'est le cas pour OOHENUNPA, mot à mot "Deux Récipients", que l'on a expliqué par un désastre à l 'issue duquel la bande n'aurait plus possédé que deux "bouilloires", "Two Kettles". Le sens est tout autre et concerne l'art culinaire. Le Lakota sait bien qu'un mets mijoté longguement est d'autant plus succulent; mais une longue cuisson risque de faire attacher les aliments -presque toujours assaisonnés à la sève d'érable- et de les faire brûler en gâtant ainsi le goût du plat. C'est pourquoi, à mi-cuisson, on vide la préparation dans un nouveau récipient pour bien en prolonger la cuisson tout en évitant qu'il ne prenne un goût désagréable de carbonisé. Ce nom désigne une manière de faire commune aux Lakota, et pas seulement propre à cette bande, bien entendu. OOHENUNPA dit une bonne façon de cuisiner chez les Lakota, et la bande appelée ainsi appartient bien aux Lakota.

Il en va de même pour les MINEOKOWOJU, "Miniconjou", contraction de MINlKAYAWOJUPI,. "Ils Plantent le Long de l'Eau" '. qui indique que les Lakota cultivaient avant l'arrivée des Blancs, surtout le melon d'eau, le maïs et des plantes à tubercules. Il est certain que ce "jardinage" n'était pas une activité de premier ordre, mais il est sûr également que la nourriture ne pouvait être exclusivement composée de viande. Ce nom évoque une activité mineure des Lakota, encore qu'elle ait dû être plus importante alors qu'ils étaient des "Indiens Canoë", avant qu'ils ne devinssent Chasseurs des Plaines. C'est à un feu de pra~rle que peut faire penser le nom SICANGU, "Cuisses Brûlées", bande importante des TITONWAN qui se divisait en quelques sous-bandes dont les "Lower-Brûlés", qui désignent encore une communauté contemporaine à Rosebud. Si les cuisses ont brûlé, pensait-on, cela voulait dire que ces Lakota s'étaient laissés surprendre par un feu de prairie, ce qui arrive l'été dans les Plaines. Une autre explication, au moins aussi intéressante, serait que des cavaliers étonnamment infatigables puissent chevaucher jusqu'à en avoir les "Cuisses Brûlées" par le frottement contre les flancs de la monture, surtout en montant à cru! Cette explication a l'avantage d'évoquer un fait remarquable commun à tous 'les Lakota, cavaliers réputés, et de signifier l'appartenance de cette bande à la tribu TITONWAN, en ce qu'elle partage une même qualité. En revanche, le feu de prairie explique très sûrement le nom SIHASAPA, "Pieds Noirs", SIHA voulant dire le "dessous des pieds". En effet, traverser une contrée où a récemment sévi un feu de prairie laisse à coup sûr les "Pieds Noirs" de suie, et cela ne peut manquer d'être arrivé aux Lakota. Cette bande ne doit pas être confondue avec la tribu "Piegan", appelée aussi "Pieds-Noirs", qui est de langue Algonkine et se situe dans les Rocheuses sur l'Ouest du Montana et le sud de l'Alberta . HUNKPA est un nom commun qui désigne "l'entrée, dirigée vers l'ouest, d'un camp disposé en cercle". Quand les TITONWAN se rassemblaient, cette bande montait ses TIPI à l'entrée du camp et on les appelait HUNKPAPA, ou encore HUNKPAPAYA, mots traduits par "Campeurs de la Corne", ce qui est juste mais pas très explicite si on ne se représente pas le cercle du camp entr'ouvert à l'entrée comme les cornes du crâne d'un bison figurent un cercle entr'ouvert. 51


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