Cheyenne : le long hiver de Parle Rouge

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Quand Fauc on de Fer parle de ce Cheyenne brave, il dit: "It était très sacré". Le s c roy ances trad itionnelles de ces deux peuples diff èr ent mais le fond de la pensée est commun: les pouvoirs de la Nature s ' expriment parmi les hommes et ce rtains les développent d e man1ere remarquable . Les Cheyenne s sont des I KCE WICASA , "hommes de la Nature " ou I ndien s comme l es Lakota et ils port ent pareillement des pouvoirs qui sont WAKAN , mystérieux, sac ré s . Les rites, quoique propres à chaque peuple, sont parfois très proches : l e Cheyenne se perce la poitrine et se sus pe nd au-dessus du sol par de s lanières passées da ns ces entailles, tand is que le Lakota y pa sse des lani ères aussi, r eliées à un mât , mais se penche en arrière, pieds su r l e sol, pour les tenir tendues j u s qu'à ce que l a chair cède ou que le sol eil se couche. Ces rites parents so nt un don de soi à son P,e uple dans l' accep tat:ion d'une souffrance par laquelle on cherchera aussi sa V1S10n. La valeur sociale e t ét hiqu e de ces deux ceremonies , différen tes par l' organ i sation, le dé roulement et la signification métaphy sique , sont ce pendan t globaleme n t les mêmes .

quotidiens ou culturels, d'authentiques échanges Il est rema rqua ble que quand la Nation des Sept Fe ux t enait un grand conseil, comme vers 1805 par exemple, sur la J ames River inférie ure (Sud Dakota) , les Cheyennes étaient autorisés à camper non loin du formidable rassemblement Sioux, participaie nt aux réjouissances ma rquées pa t~ l'abondance ex traordi nai re de nourritu r es de toutes sortes, et ils étaie nt même i nvités à participer à ce rtaines ceremonies . Ce point est le plus marquant, car il souligne de façon unique 1 1i nt imité profonde que voulaient partage r les Sioux avec l eurs "vie ux amis". Une telle proximité a fait qu ' il y a des traits de c ulture qui sont passés d e l'un à l'autre Peuple ou qui sont tout simplement dev enus commun s . Il ne fai t pas de doute qu e d es Lako ta ont coi ff é leurs cheveux sel on d es habitudes originairement Cheyennes, comme le port d ' une queue pendant sur la nuque ou remontée en chignon, le visage é tant e ncadré de deux

tresses prenant les mèches du devant et couvrant le s oreilles. Le s motifs coloré s ornant les vêtement s e t ustensil es de peau s e sont aussi mélangés un peu, e t s ' il y a des motifs s ûrement propres à chaque Peuple, il en est d ' autre s qui sont communs. Et c ' es t encore sans parler des échanges de cadeaux entre amis ou de la dispersion de s biens d ' un défunt qui ont pu faire qu'un Cheyenne se trouvait porter une tuniqu e déco r ée par une femme Lakota ou qu'un Oglala s ' enroule dans une couverture cheyenne . Et quand J par exemple, la coupe d ' un vêtement cheyenne venait à plaire à quelqu'un des Lakota , rien ne l'empêchait de s 'en faire un sur le même mod èle, e t personne n' y trouvait rien à redire. Alors, ce vêtement étai t il cheyenne ou lakota ? Il ne faut pas s ' entêter à classer de manière rigoureuse les caractères proprement di st inctif s de Peuples qui ont vécu si proche s l'un de l ' a utre et qui sûrement ne se souciaient pas e ux-mêmes d ' étique t er leurs affaires!

C' est par un retour s ur l es l angues que l'on va rencontrer l'élément culturel le plu s s ignificatif de ce tte relation profonde: la langue cheyenne appartient à la famille linguistique Algonkin-Wakashan et le l a kota à la famille Hokan-Siouan. Pa r comparaison, c'est le chi nois (famille Sino-Tibétaine) et le françai s (famille Indo-Eur opéenne) , e t cela per:net a:i.séRHmt de se fig\Irer la radicale altérité de ces langues) du point de vue phonétique, syntaxi que et morphologique. Cependant) le s Cheyennes du Nord ont progressivement inco r poré des mo t s et expressions 'I SANTI a u point que l e urs f r ères du Sud e uren t parfois du mal à les comprendre. Par ailleurs, des mot s cheyenn es sont entrés dans l 'u sage du lakota et c ' est ainsi que, par exem ple, le mot cheyenne "SUHTAI" pouvait s ' employer en lakota à côté ou à la place de HEYATA et de ses dérivés pour dire "sur l a hauteur". Ce phénomène lingui stique est connu dans d 'au tres sphères de civilisation et il indique toujours un échange profond. Cela vient bien établir définitiveme nt que la longue fr équentation de ces deux Nations fut tout s auf s uperfi ci elle ou occasionnelle: de toutes so rtes de fa ç on~ les Cheyennes et les Lakota étaient réellement des AMIS.

Droits réserués***. Didier DUPONT 8


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