Chasseurs : cri du Lubicon

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Spiritualité

Prier pour la paix La journée de Prière pour la Paix (voir Nitassinan n° 44, p. 31) s'est déroulée le 21 juin à Devil's Tower, dans le Wyoming. Elle était conduite par Arvol Looking Horse. L'idée avait été lancée il y a quelques années par Peter Catches et Chauncey Dupris, leaders spirituels lakota aujourd'hui décédés. Il s'agissait d'organiser une cérémonie de prière dans les Black Hills, au solstice d'été, pour la guérison du peuple lakota et pour la paix et l'amitié dans le monde. Arvol Looking Horse a repris cette idée en y ajoutant une dimension internationale, un appel aux peuples du monde à se réunir ce jour là dans leurs sanctuaires et prier pour la paix. Cette journée de prière, précédée d'une "Chevauchée de l'Unité Indienne", avait été annoncée en mai] 995 par Arvol Looking Horse, gardien de la Pipe sacrée de la Grande Nation Sioux, lors d'une réunion de leaders spirituels invités par les Six Nations iroquoises. Cette initiative avait été sourenue par des nations indiennes Iroquois, Hopi, Cheyenne, Cree, Chippewa et Maya - et par des peuples indigènes venus du monde entier, Malais, Maori et Tibétains. La chevauchée rassemblait les nations "Sioux" - Lakota, Santee, Yankton, Stoney (Yanktons canadiens) - des Cheyennes du Nord et des Cree. Elle est partie le 1" mai 1996 de Prince Albert, dans la province canadienne du Saskatchewan, près du camp occupé par Sitting BuU et les siens pendant leur exil au Canada de 1877 à 1881. La cérémonie s'est déroulée à Devil's Tower que les Lakota nomment "Mato Tipila"

("Bear Lodge", "Loge de l'Ours") ou "He Gi" ("Grey Horn", "Corne Grise"). Les Danses du Soleil se tenaient autrefois à cet endroit. Pour conduire la prière, Arvol Looking Horse était assisté de plusieurs hommes-médecine, leaders spirituels et Anciens. Plus de 3000 personnes, représentant quinze nations indiennes, y ont assisté. Le lendemain, Arvol Looking Horse a célébré le "wopila" à Green Grass sur la réserve de Cheyenne River où il réside. Le "wopila" est l'action de grâce qui suit habituellement une importante cérémonie lakota. Mr. Michael Van Walt, secrétaire général des Peuples et Nations Sans Représentation (UN PO) (1), invité, a déclaré: ({ La cérémonie à Grey Horn Butte a été une expérience extrêmement émouvante. » Reprenant l'appel d'Arvol Looking Horse, il a invité les 47 membres de l'UNPO à prier tous les 21 juin pour la paix et j'unité dans le monde. Du 15 au 30 juin, les neuf nations indiennes signataires des traités de Fort Laramie en 1851 et en 1868 (2) se sont réunies près de Lame Deer, sur la réserve des Cheyenne du Nord, au Montana. Cette réunion était organisée par Souveraineté Cheyenne et AIM-Cheyenne du Nord. Les participants ont tenu la cérémonie de prière du 21 juin sur le site de Little Bighorn. Un pow wow de la victoire et diverses activités culturelles et sportives se sont tenues le 25 juin, au cent-vingtième anniversaire de la mémorable défaite de Custer et de son 7' de cavalerie.

Monique Hameau source: "fndian Country Todai', 1996. 1. Unrepresented Nations and Peop!es Organization regroupe des nations et des peuples nonreprésentés aux Nations-Unies et qui se trouvent inclus, générale~ ment contre leur gré, dans des États-nations dominants, comme les Tibétains, les Maori, les Kanak et la plupart des peuples indiens d'Amérique. La Nation Lakota est membre de l'UNPO dont le siège est à La Haye. 2. Il s'agit des hUÎt nations Lakota/Dakota et des Cheyennes du Nord.

L'esprit de la forêt Le /ivre de jikiti Buinaima, annoncé dans NitassÎnan n° 43 (p.32), est sorti en mai dernier. Dee Brooks l'a lu pour nous. "Je suis un enfant de la Forêt sacrée située sur les rives du fleuve ... " Ainsi se définit Jikiti Buinaima, mirafia d'Amazonie colombienne. Naître au cœur de la selva, c'est être imprégné d'une évidence commune à tous les peuples indigènes: nous sommes une parcelle de la nature, la détruire, c'est nous détruire. Pendant les quelque 200 pages du récit de son combat pour l'Amazonie, Jikiti nous fait partager la passion charnelle et spirituelle qui l'unit à la forêt. L'initiation par son grand-père chaman (deux moments hallucinants de l'ouvrage), le sens du sacrifice de J ikiti à la cause des siens, le quotidien de pêche et de chasse dans la selva sont autant d'épisodes forts du récit de cet homme attachant. L'exploitation du caoutchouc a dévasté l'univers de Jikit!, qui devra s'exiler. L'occasion pour cet infatigable battant de croiser le destin d'autres peuples indigènes aux côtés desquels il luttera. Le grand projet de Jikiti : fédérer ces nations au sein des Nations Unies Indigènes et développer un projet indigène visant à un autre "exploitation" de la forêt. Cet ouvrage, dont il faut saluer le travail de traduction par Claire Lamodene, est le précieux témoignage direct d'un représentant de l'Amazonie. Jikiti a beaucoup appris, beaucoup travaillé pour faire entendre sa voix qui nous parvient ici sans filtre ethnologique. Un livre saisissant et parfaitement authentique. L'esprit de Mon l'Amazonie de Jikiti Buinaima. Les Éditions ParÎs, collection Paroles Singulières (54, rue des Saints-Pères. 75007 Paris), 208 p., 120 F.

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