Canada : Les Nations Indiennes contre l'uranium

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JOURNEE INTERNATIONALE DE SOLIDARITE AVEC LES NATIONS AMÉRINDIENNES Organisée en France le 16 Octobre 1993 par Nitassintm-(SIA, cette journée était, cette année, consacrée au problème de l'uranium. Àcette occasion, Nitassinan-(SIA a eu le plais;r d'accueillir trois membres" du « World Uranium Hearing ", un organisme international qui coordonne l'opposition ci la menace nudéa;re sous toutes ses formes, en part;culier en ce qui concerne les Peuples Indigènes. Voici de larges extraits de leurs interventions. Mayra Gomez, Aymara de Bolivie Nos frères des trois Amériques partagent une chose essentielle: l'amour de la Terre. Nous avons une vision du monde et de l'environnement qui nous est propre. Dans notre langue, il n'y a pas de mot pour « environnement» . Nous disons "" Pacha Marna» , c'est-àdire la Terre-Mère. On a l'habitude de parler de 1492 parce que c'est en ce moment l'anniversaire de la i< découverte» . Je vais vous pat1er d'une forme plus récente de colonialisme qui met en danger les peuples indigènes, et toute forme de vie sur la terre. Beaucoup de personnes ignorent que l'uranium qui a servi a fabriquer les bombes qui ont explosé sur Hiroshima et Nagasaki a été exploité sur des terres indigènes. Les mineurs navajo qui ont travaillé dans ces mines souffrent encore aujourd'hui des conséquences des radiations. C'est dans la communauté navajo que les cas de stérilité chez les jeunes femmes et les cas de décès chez les nouveau-nés sont les plus nombreux aux États-Unis. Entre 1952 et 1957, les Anglais ont fait exploser des bombes atomiques sur les terres de sept nations aborigènes d'Australie. Ils n'ont jamais d~mandé l'autorisation aux peuples aborigènes, qui n'ont jamais été avertis des conséquences des radiations. Cela commence dès le processus d'explora-

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don. C'est la même chose en Colombie, en Argentine et au Chili. En Bolivie une exploitation a été engagée secrètement. Les forages atteignent les nappes phréatiques et contaminent l'eau qui est la source de la vie, ainsi que la terre, les animaux et les plantes. Nous, les peuples indigènes, nous avons une vision holistique de la vie et de notre Mère la Terre. Nous disons que nous sommes la forêt, nous sommes les arbres, nous sommes les plantes, ce sont nos frères et nos sœurs. Les différentes phases de la chaîne nucléaire ont touché les peuples indigènes d'une manière ou d'une autre. Il n'y a rien de propre nide sûr dans l'énergie nucléaire. En Amérique centrale et du Sud, nous sommes lacible à la fois du début et de la fin du processus nucléaire, et nos

assez affirmé. Les nations indigènes sont victimes du fait qu'elles ont été dépossédées de leurs terres, dans certains cas par un déplacement forcé, comme pour les Iles Bikini. Il y a une contamination directe des êtres humains, mais aussi une destruction des sites sacrés. La destruction écologique qui s'en est suivie a brisé la cohésion sociale nécessaire à la survie des peuples et la relation matérielle et spirituelle à la Terre qui constitue notre survie. Les peuples indigènes doivent être autorisés à exercer librement leurs droits sur leurs territoires. Non seulement le nucléaire tue nos enfants, nos familles et notre culture, mais il ~a tuer vos enfants et votre 'culture, parce qu'il ne connaît pas de frontières.

Laissons l'uranium dans la terre!

Günther Wippel, du

« World Uranium Hearing »

frères et nos sœurs du Nord ont payé un tribut encore plus lourd. Des mines et des centrales existent sur le territoire de la Nation Pueblo, de la Nation Dene, Cree, Shoshone. Le plutonium affecte la Nation Yakima, des pièces d'armement nucléaire sont assemblées sur le territoire de la Nation Comanche, les essais nucléaires sont effectués sur le territoire de la Nation Shoshone, on a fait exploser des bombes aux Iles Marshall et en Polynésie française, et on veut enterrer des déchets sur le territoire de la Nation Lakota. Notre droit à l'autodétermination en tant que peuples indigènes n'est pas

Mayra a posé la question essentielle : à qui appartient la terre ? Le gouvernement canadien se déclare le propriétaire de la terre, mais les Cree, les Dene, les Métis du nord du Saskatchewan affirment qu'ils n'ont jamais vendu leur terre ni au Canada, ni à la province du Saskatchewan, ni aux Anglais. "Dans le nord du Saskatchewan vivent à peu près 30 000 Amérindiens. Dans le sud, ce sont les Cree et au nord les Dene. Ces Indiens ont gardé leur mode de vie traditionnel, chasse, pêche et cueillette et la trappe des animaux à fourrure. La région est beaucoup trop froide pour y pratiquer l'agriculture et les activités traditionnelles constituent le seul moyen de subsistance pour ces populations. Le gibier et le poisson sont fumés, et le riz sauvage constitue une nourriture essentielle. En été, beaucoup de ces Indiens se déplacent vers le nord pour chasser et pêcher. Le gouvernement et les grosses sociétés se permettent de dire que ce territoire est vide. Ils ne savent pas, ou plutôt ils ne veulent pàs savoir que des Indigènes vivent sur ces territoires et qu'ils utilisent la terre, dans cette région du Nord, de la seule façon possible.


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