Brésil : Vers une victoire makuxi ?

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Femmes makuxi devant l'enclos à bétail de « 0 Maçarico », la ferme communautaire de Maturuca. Au centre, Lucia, la mère du tuxava Jacir. (1996)

Le retour à /a « ma/oca " Les habitants de Maturuca ont décidé le 26 avril 1977 de se soustraire à la déchéance causée par {es chercheurs d'or et les éleveurs de bétail. Leurdétermination s'est traduite par un retour à la maloca (village indigène), centre de la vie communautaire. Au-delà de cet objectif, des propositions de collaboration avec les organisations de soutien visent à jeter les bases d'une autogestion réelle de Ja communauté indigène dans les domaines économique et social.

La

malora avait longtemps perdu son rôle fédérateur. Le tuxalla de Maturuca, par exemple, habitait depuis des années parmi les chercheurs loin du peuple qu'il était censé représenter. Mais le mouvement s'est inversé et !' exode des Indiens, fuyant les grandes propriétés ou les mines, a engendré une extraordinaire floraison d'activités sociales et économiques, bien que modestes. Les Indiens ont un penchant naturel pour la vie en communauté. Ce mode de vie traditionnel a été le moteur d'initiatives dignes d'une attention toute : projets communautaires d'élevages porcin. ovin et école alphabétisation des adultes, conseils locaux et maIsons des femmes et actions médico-sanil'aires. La vie du se crée par et amour de ces activités qui, pour fonctionner correctement, exigent que les membres de la communauté s'organisent en réseaux, De par la nature même de la société les activités de la maloca sont rorcément interdépendantes, et leur efficacité dépend

cipalement de la cohésion du groupe. Il donc de privilégier la rencontre au sein de la malocd.

Le « projet des vaches }) Le « projet des vaches', aujourd'hui le pilier de l'organisation indigène au Roraima, notamment dans l'Airc lta{J05û1,è,erl'd do Sol où le troupeau s'élève déjà à 15 000 têtes. L du bétail a permis aux Indiens de récupérer de vastes territoires, jusque-là occupés par les éleveurs de bétail et sillonnés de barbelés et d'enclos, Utilisant leurs vaches contre celles des (grands propriétaires terriens), les Indiens ont mené une Imte acharnée pour reprendre leurs terres. De nombreux cours théoriques et pratiques, assurés par des vétérinaires et d'autres experts, ont permis de former les responsables des fermes communautaires, chargés de soigner le bétaiL En outre, récole du centre de formation de la mission catholique de Surumü, au sud-ouest de !'AlRASOL, enseigne la préparation des

peaux, l'art de la fàbrication des selles et la conrèction des à la communauté d'autonomie. Cette initiative a connu essor dans la des montagnes. C'est d'ailleurs là les diffî-

les fermes communautaires Isp,ers;ueIU le bétail et !laient les vachers de la communauté. Mais la solidarité des Indiens a des retiras, qui se sont au de rotation des troupeaux d'un vil· à. l'autre, Les ont ainsi l'occasion, chaque année, de resserrer leurs liens et leurs troupeaux ou de créer de nouvelles fermes communautaires.

l'Indien se soigne au village L'arrivée dans la région des montagnes des chercheurs d'or, chassés en 1991 du territoire yanomami situé plus à l'est, puis le

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