Brésil : Vers une victoire makuxi ?

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gouvernement accorde également des avantages matériels aux rares villages qui acceptent d'entrer dans son Notons au passage que cette question a fait l'objet des conflits les plus durs entre la société dominante et les organisations indigènes. C est en effet sur ce point que le véritable renversement de forces s'est eftèctué en fàveur des Indiens. Il faut accorder une attention toute particulière au projet d'élevage bovin, dont l'efficacité n'est plus à démontrer puisque c'est grâce à lui que les Indiens ont pu reconquérir leur territoire.

Organisations régionales Les résultats obtenus par les 1ndiens des montagnes ont suscité l'intérêt de leurs voisins. Le nouveau modèle d'organisation était au centre des discussions lors de l'assemblée générale annuelle du CIR (Conseil indigène du Roraima) en 1983. Les tuXtlVaS ont relevé le défi et ont adopté une organisation fondée sur des conseils régionaux répondant aux attentes des communautés locales. Ce mouvement a cu pour conséquence logique la création, quelques années plus tard, du Conseil de coordination. Les différentes régions sont les espaces de référence autour desquels les villages se sont spontanément regroupés. Chaque région, tout en gardant d'étroites relations avec les autres, constitue une unité propre, dotée d'une responsabilité illimitée en matière d'activités et de gestion. Les initiatives sont prises ensemble, par l'intermédiaire du conseil régional. Ce mode d'organisation, éloboré grâce au proiet d'élevage

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de bétail, est d'une importance vitale car il vise à unir tradition et modernité. Propriété collective des communautés, le troupeau quitte un village tous les cinq ans, pour en rejoindre un autre, et les petits nés au village lui appartiennent. Ce système resserre ainsi les liens traditionnels entre les communautés. La lutte pour la démarcation de l'Aire RaposalSerra do Sol enregistre aujourd'hui des résultats signitlcatifs. Grâce au projet d'élevage, les Indiens ont récupéré de vastes territoires. Près de soixante-dix fermes appartenant à des colons ont été démantelées, à la suite de quoi un grand nombre d'éleveurs sont partis de leur propre chef, emmenant avec eux leurs bêtes. Début 1995, le gouvernement du Roraima avait pris l'initiative de construire une centrale hydro-électrique au cœur de la région IÜl1)(I"".,,'rr<1 do Sol; le projet, illégal, a tlnatement été abandonné grâce aux actions menées par l'organisation indigène. Les chercheurs d'or ont également été chassés du territoire. L'écho de ces succès est parvenu jusqu'aux organisations internationales de défense des droits de l'homme - très attentives à cette situation - en Europe et aux États-Unis. Ainsi, une délégation

makuxi a parcouru l'Europe en 1995 dans le cadre de la campagne pour la démarcation du territoire. Mais devant le refus de Nelson Jobim, alors ministre de la Justice, de démarquer leur territoire, les Ivlakuxi ont pris les choses en main et ont eux même démarqué leur territoire en 1996. Ces changements sont intervenus parce qne les Indiens ont pu exercer une pression sur les autorités. Pour que leurs droits - notamment le droit à la terre - soient reconnus et respectés, il faut que les Indiens manifestent une volonté réelle. C'est pourquoi il convient de souligner le renforcement de leurs structures sociales qui a permis de consolider les acquis et d'obtenir d'autres succès.

Le Pulorh,

dal Ben labortltion dE/ena Dent/tti, Henri

Sources: Roraima (CIR.!. le Conseil

Hl7metlU et

de l!1ilHWn,S'W

mire (ClM!), Human Watch, Réveil missionnaire et Survivallnternational.

Petite fille makuxi de Maturuca


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