Les Colonies pendant la révolution : la constituante et la réforme coloniale.

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ÉTAT DE LA QUESTION EN 1789

peuplaient et s'enrichissaient, les colonies devenaient à bon droit plus exigeantes. Ne pouvant s'approvisionner en nègres et en vivres qu'auprès <les négociants de la métropole, elles voulaient que cet approvisionnement fût large et régulier; mais les métropolitains n'y pouvaient suffire. Aussi le conseil du roi avait-il dû, en 1767, créer deux entrepôts pour le trafic é t r a n g e r ; en 1778, autoriser l'importation étrangère des nègres; en 1784, abolir en partie l'exclusif en permettant l'achat aux étrangers des bois, charbons, salaisons, riz, maïs, légumes, cuirs, pelleteries, etc., et la vente des sirops, tafias et marchandises de France. Mais ces concessions ne contentèrent personne : ni les colons, qui voulaient le libre trafic, ni les négociants, qui crièrent à la trahison et à la ruine. La création des entrepôts avait été acceptée sans trop de peine. Les armateurs avouèrent eux-mêmes que, depuis la perte du Canada, de l'Acadie et de la Louisiane, ils ne pouvaient faire face à l'approvisionnement. Des conférences contradictoires , provoquées en 1775 par Le ministre Sartines, était sortie cette déclaration : « Les entrepôts ne peuvent être supprimés jusqu'au temps où le commerce national sera en mesure de remplir rengagement fait en son nom de tout fournir aux colons et d'exporter tous leurs produits. » Pareille conces1

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1. Au môle Saint-Nicolas et au Carénage. 2. Les négociants consultés furent Begouen, du Havre, futur constituant: Millet et Drouin, de Nantes; Outarta et Sébire Laine, de Bordeaux; Mayon de la Villehuchet, de Saint-Malo (Arch. colon , M é m . génér., X X I V , n° 7).


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