272
L'ŒUVRE COLONIALE DE L A CONSTITUANTE
cette palinodie finale sur l'état des noirs libres? Là est, sans contredit, la grande faute de la Constituante. S i . dès le début, sans peur et sans arrièrepensée, on eût appelé à la vie politique ces 40 ou 50.000 propriétaires, qui formaient, en somme, la démocratie rurale des colonies et leur véritable force, on n'eût m ê m e pas eu à subir la guerre servile, ou, du moins, on l'eût réprimée sans peine. On eût formé ainsi une armée dévouée à l'ordre nouveau et à la métropole ; ni les blancs, ni les esclaves, ni les étrangers n'auraient pu donner aux malheureuses Antilles ces assauts qui les ruinèrent, en ruinant la métropole. C'était une faute encore de n'avoir pas donné la pleine liberté économique, demandée par les théoriciens. Recevant de l'ancien r é g i m e le traité avec l ' A n g l e t e r r e , et de l'opinion la condamnai i o n de tout monopole, l'Assemblée devait avoir la hardiesse, en établissant les tarifs douaniers, de prendre pour base le 12 0/0 de la valeur, fixé par le traité, et, en abolissant la Compagnie des Indes, d'ouvrir I o n s les ports aux marchandises de retour . Pourquoi même n'eût-elle pas appliqué le principe formulé par De Lattre : « L e commerce avec les colonies est un commerce entre frères, » et pourquoi n'eùt-elle pas établi dans l'empire colonial français cette fédération commerciale, préconisée en A n g l e terre de nos j o u r s ? Si elle avait pris cette initiat i v e , elle aurait fait école pour cela c o m m e pour 1
n°
1. Demandé par Ducos, dès le 12 janvier 1792 (Moniteur, 16).
1792,