Les Colonies pendant la révolution : la constituante et la réforme coloniale.

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LA

GUERRE

CIVILE

A

SAINT-DOMINGUE

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auraient renversé le nouveau système politique » ? Ce plan « atroce » ne fut peut-être pas nettement conçu, ou du moins la preuve positive n'en peut être faite. Mais l'accusation en fut portée plusieurs fois devant la Législative et la Convention, et elle fut courante à Saint-Domingue. Ce qui lui donna de la consistance, c'est la participation ouverte de certains officiers, notoirement aristocrates, au mouvement des mulâtres qui se produisit en même temps dans le district de Port-au-Prince. Hamus de Jumecourt, capitaine de la paroisse du Cul-de-Sac, de Villars, commandant de Léogane, de Coustard, commandant de Port-au-Prince, furent les instigateurs et les chefs de l'attaque dirigée contre Port-au-Prince et contre Léogane. Or de Jumecourt exprime ainsi ses sentiments dans une lettre adressée le 13 octobre à l'un des chefs des mulâtres, Pinchinat : « Point de paix avec le Port-au-Prince que l'ancien ordre de choses ne soit rétabli, point de municipalités, point d'assemblées 2! » De Coigne, officier d'administration de Saint-Marc, expose les arrière-pensées de ce monde militaire, resté réfractaire au droit nouveau. « Vous aurez trois classes de brigands à combattre. D'abord les brigands blancs sont les plus à craindre. Laissez-les donc détruire par les mulâtres, si vous ne voulez pas les détruire vous-même. Après, avec ceux-ci, vous rangerez 1. Mémoire de Page et Brulley, commissaires de Saint-Domingue, mai 1793, p. 97. 2. Cf. Rapport Tarbé, P. J., séance du 10 décembre 1791; — Arch. parlem., XXXV, 700.


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