Les Colonies pendant la révolution : la constituante et la réforme coloniale.

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noirs ? Il répugne de croire que la passion antirévolutionnaire ait pu pousser des Français à provoquer une guerre servile, toujours atroce. Mais n'a-t-on pas vu les émigrés se joindre aux étrangers pour envahir la France et se mettre au service des Anglais pour leur conquérir Saint-Domingue ? En vain le ministre Bertrand de Molleville, volontairement optimiste, prétendra-t-il qu'un projet de contre-révolution, ridicule en France, le serait bien plus à 1 . 8 0 0 lieues d'elle . La contre-révolution pouvait d'autant mieux s'essayer à SaintDomingue que c'était alors le seul point où la Révolution fût tenue en échec et qu'une défaite ou un excès d'anarchie sur ce point pouvait avoir un grand retentissement en France. N'était-ce pas avec le spectre de la guerre servile que Barnave avait; glacé l'esprit réformateur de la Constituante? Et quel puissant « levier contre-révolutionnaire » qu'une dévastation qui amènerait « la stagnation du commerce maritime, l'obstruction des manufactures nationales, l'inoccupation de 7 à 8 millions d'ouvriers, d e cultivateurs, de matelots, réduits ainsi à la plus affreuse indigence N'en pouvait-on espérer quelques mouvements violents qui, dirigés avec intelligence, 2

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1. Séance du 3 décembre 1791 ; — Arch. parlem., XXXV, 536. 2. Cf. la vie de l'amiral Bouvet de Lozier dans Voyages et Combats, de M . Eugène Fabre, 2 vol. in-8°, 1885, t. I , ch. v, p. 73-74. — O Gorman, ancien député suppléant de Saint-Domingue, dans un placet au roi (4 août 1814), se fait un titre de gloire d'avoir commandé un régiment dans l'armée anglaise de Saint-Domingue (Brette, Convocation, II, 440). 3. Séance du 19 décembre 1791, Moniteur du 20 décembre.


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