Les Colonies pendant la révolution : la constituante et la réforme coloniale.

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vant eux de tous les troubles passés. Mais les représentants de celle-ci, Grégoire, Pétion, de Tracy, avaient beau jeu contre leurs adversaires. Forts du règlement et des traditions dé l'Assemblée, ils s'opposèrent à ce qu'un décret, non imprimé, fût discuté au pied levé, et ils obtinrent; au milieu de la plus grande agitation, ce qui était le plus favorable à leur cause, l'ajournement. Cette fois l'Assemblée ne pouvait plus échapper à la question des noirs, qui se trouvait posée nettement et isolément. La discussion eut lieu, vive et agitée, sous la présidence un peu molle de d'André, dans les quatre mémorables séances du 11 au 15 mai. Par la violence des passions et des intérêts aux prises, par l'élévation des idées et des sentiments exprimés, par les habiletés de tactique parlementaire, et enfin par les conséquences de la décision, c'est une des plus curieuses et des plus importantes qui se soient produites à la Constituante . Les arguments de fond, nous les connaissons. Les Amis des Noirs soutinrent que les troubles provenaient non des écrits de leur société, mais des excitations des députés coloniaux eux-mêmes ; 1

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1. Arch. parlera., X X V , 636-643, 137-768 ; X X V I , 3-29, 41-63, 65-75, S9-97 ; Proc.-verb., n° 647, 648, 649, 650, 651, t. L V . Les n° 648 et 650 mentionnent l'appel nominal ; le n° 649 donne le texte du discours de Maury ( p . 1-39) et indique le vote de l'article 1er du décret (p. 7-9). 2. Lettre de Gouy d'Arsy, août 1790, dénoncée par de Curt, le 20 septembre (Arch. parlera., XIX, 92). Elle conseillait à l'Assemblée coloniale « de ne prendre des décrets de l'Assemblée nationale que ce qui peut lui c o n v e n i r » : Proc.-verb., n° 417, p. 26-27, t. X X X I .


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