Les Colonies pendant la révolution : la constituante et la réforme coloniale.

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produisirent sur les blancs un effet bien singulier, Furieux de voir traiter avec égard des rivaux qu'ils méprisaient et détestaient, ils accusèrent les agents royaux de favoriser, sinon de provoquer l'insurrection. De Blanchelande, qui se savait soupçonné de « philanthropie » , fit tout pour détruire cette légende. Sur la sommation de l'Assemblée du Cap, il ordonna de désarmer les mulâtres, armés à la demande de cette même assemblée. Mauduit, chargé de l'opération, la crut inutile et releva vertement, dans une proclamation, les inconséquences des blancs. C'était surexciter les colères. De Blanchelande, pour adoucir le mauvais effet de cette franchise, imagina d'adresser, dans une proclamation spéciale, le 2 février 1791, les plus grands éloges à l'Assemblée du Nord et les plus sévères conseils de soumission aux mulâtres. Il ne gagna pas les blancs, et il s'aliéna les n o i r s . 1

C'est à ces incohérences qu'avait abouti la peureuse diplomatie du Comité colonial. La situation était grosse de périls, que rien ne pouvait plus conjurer, pas même un retour aux principes de la Révolution. 1. D'après le rapport Tarbé, 10 décembre 1791 (Arch. parlem., XXXV, 700) et la correspondance de Blanchelande : Lettres au Ministre, des 14 et 29 novembre 1790, 27 décembre 1790, 9 janvier 1791 (Arch. nation.. Dxxv, 46).


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