Les Colonies pendant la révolution : la constituante et la réforme coloniale.

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que les mulâtres étaient compris dans la formule « toutes personnes » qui fixait le droit électoral aux colonies. En même temps, il est vrai, les mêmes personnages disaient aux blancs: « l'Assemblée ne désigne pas les gens de couleur ; vous pouvez arguer de son silence ; » et ils se chargèrent de reprendre ce qu'ils avaient paru concéder. Le décret du 12 octobre, on sacrifiant l'Assemblée de Saint-Marc aux terreurs du commerce français, « sacrifia les gens de couleur à tous les partis » . Il fut précédé d'un considérant qui tranchait la question laissée en suspens le 28 mars, et qui déclarait que l'Assemblée nationale ne prendrait aucune décision sur l'état des personnes sans l'avis préalable des colons blancs. La cause des mulâtres était donc définitivement perdue en France. C'est alors qu'ils songent à la défendre eux-mêmes, les armes à la main. Ogé, qui avait réussi, malgré la surveillance, à sortir de France, débarque le 21 octobre à Port-au-Prince, réunit en huit jours à la Grande-Rivière une troupe de 600 mulâtres et affranchis et rejoint près de Dondon le mulâtre Chavanne, qui avait aussi formé un attroupement. Il écrit ensuite au commandant du Cap et à l'Assemblée provinciale du Nord pour réclamer l'exécution des décrets des 8 et 28 mars, interprétés à la manière de Grégoire. N e recevant pas de réponse, il commence l'attaque. Il envahit l'habitation de Sicard et de Priou. qui sont tués, et il investit Dondon. Mais l'armée du Nord, qui 1

1. Mot de Brissot,3 décembre 1791 : — Arch. parlem.. X X X V , 5 3 6 .


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