Les Colonies pendant la révolution : la constituante et la réforme coloniale.

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L A CONSTITUTION

COLONIALE

direct, parce qu'enfin les affaires arrivent au centre en telle abondance qu'un ministre, môme spécial, s'en trouve accablé et débordé. Mais, dans le régime de la Constituante, quel besoin y avaitil d'un ministère spécial? Toute initiative, et presque toute puissance étaient reportées aux extrémités: on s'administrait chez soi, on n'était pas administré. La métropole n'avait à diriger que deux agents, le gouverneur et le directeur g é n é ral : qu'eût t'ait un ministre spécial d ' u n personnel aussi réduit? Et. quant aux intérêts du commerce et de la défense, en quoi différaient-ils des intérêts métropolitains, déjà confiés à d'autres ministres? Bien que la discussion soit intervenue avant la complète rédaction de l'instruction du 15 juin, l'esprit de cette instruction possédait déjà la majorité de l'Assemblée. Les colons, et surtout Moreau de Saint-Méry . protestèrent qu'ils avaient trop souffert du « despotisme ministériel » pour vouloir en courir de nouveau le risque ; ils voulaient être « gouvernés » le moins possible. « Les colonies, dirent-ils, n'ont besoin que de défense et la Marine seule peut les défendre. » Aussi le rattachement des colonies à la Marine fut-il voté à une grande majorité. Une décision contraire eût été contradictoire. L'un des grands avantages du système décentralisateur est d'économiser les rouages de l'administration centrale. La Constituante lit bien en repoussant 1

1. Séance du 9 avril 1891 ; Arch. parlem., X X I V . 660 ; verb., n° 616.

Proc-


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