Les Colonies pendant la révolution : la constituante et la réforme coloniale.

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veau dans la même discussion 1. Mirabeau développa d'abord le principe cher aux économistes, le fameux « laissez faire, laissez passer » ; puis, concentrant son argumentation sur l'obligation des retours à Lorient, il démontra, par de larges et précises considérations, que ce nouveau monopole n'était légitimé ni par l'intérêt des manufactures, ni par celui du fisc. N'est-il pas, en effet, bien plus nuisible qu'utile à l'industrie d'entraver l'exportation d e s draps du Languedoc et d'empêcher la réexportation dans les ports d'Italie et de Turquie de l'excédent des tissus de l'Inde ? D'autre part, l'exemple de Marseille, port franc, qui fait le commerce des colonies, bien plus considérable que celui de l'Inde, ne prouve-t-il pas que la perception des droits est très conciliable avec la liberté ? Ce n'est donc pas un régime tracassier et injuste qu'il faut établir, mais un système de pleine et large liberté. Ni port d'attache, ni règlements g ê nants, ni taxes prohibitives, mais de légers droits et des primes : voilà ce qui convient à l'industrie comme au commerce! « Faire le contraire, c'est rétablir le privilège de la Compagnie. » Cette formule, si bien trouvée pour impressionner les esprits, fut répétée par les orateurs qui parlèrent dans le même sens. D'André alla même jusqu'à dire, non sans raison peut-être , que, soutenir le privilège de Lorient, c'était faire prévaloir l'inté2

1. Séance du 15 juillet ; Arch. parlem., X V I I , 91 sq. 2. Ibid. Une brochure in-4°, distribuée aux députés, disait que « supprimer les retours à Lorient, c'était ruiner les actionnaires de la Compagnie » .


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