Colonies françaises

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GUYANE FRANÇAISE.

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mêmes le nécessaire. Ces deux jours paraissent suffisants et sont employés à cultiver des abatis, à planter du manioc et à pêcher pour faire des salaisons. «En général, les abatis des nègres sont beaux. Il n'y a que sur les habitations où ne règne ni ordre ni autorité qu'ils sont négligés et paraissent quelquefois insuffisants. » Vêtements. «Dans les trois quarts des habitations que j'ai visitées, les maîtres ignorent l'existence des règlements relatifs à l'habillement des noirs. Toutefois, ne consultant que leur humanité, presque tous donnent des vêtements à leurs esclaves au fur et à mesure de leurs besoins, sans se préoccuper de savoir si les ordonnances prescrivent deux ou plusieurs rechanges par an.» Hôpitaux. « Sur beaucoup d'habitations il n'y a point d'hôpitaux ; la case du nègre et quelquefois la maison du maître en servent. Les médicaments nécessaires aux maladies ordinaires et prévues se trouvent presque partout. Il n'y a point de médecins dans les trois quartiers que j'ai parcourus (excepté dans le bourg de Sinnamary , lequel a un officier de santé depuis trois mois à peine). La nécessité a fait des médecins de tous les colons. Le médecin de l'esclave est assez ordinairement le maître, ou une ménagère qui a la confiance de celui-ci et du malade. » Régime

disciplinaire.

« Le régime de l'emprisonnement tend à se substituer au régime du fouet; sur les petites habitations , surtout, on préfère séquestrer les individus durant la nuit, et c'est une grande privation pour eux. Pour vaincre la nonchalance des paresseux d'habitude, qui feignent souvent des maladies, on les renferme dans un hôpital ou ailleurs et on les met à la diète. L'isolement et la diète les corrigent mieux que le fouet. Nulle part je n'ai vu de cachots; j'ai vu quelques jambières ou anneaux de fer servant à retenir les marrons d'habitude ; mais ces jambières sont toutes rouillées, ce qui atteste le peu d'usage qu'on en fait. » Travail. «En général, dans les quartiers que j'ai visités (quartiers où la culture est facile) les esclaves commencent leur journée à cinq heures et demie du matin. Les deux premières heures sont passées à des soins divers; ils se rendent ensuite à la tâche, d'où ils ne reviennent qu'après l'avoir terminée. Cette tâche, qui est généralement la tâche arbitrée par M. Guizan , dure cinq ou six heures pour les travailleurs ordi-


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