Colonies françaises

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PATRONAGE DES ESCLAVES.

affranchi, on le quitte pénétré de sa misère. Comment sont traités les esclaves dans ces lieux ? Ni bien, ni mal : ils ne se plaignent pas. Quant au régime disciplinaire, il est assez doux. On vit un peu en famille sur ces petites habitations. L'espoir de voir à chaque instant tomber les chaînes de l'eslavage est alimenté dans le quartier du Kourou par un certain nombre d'affranchis désoeuvrés qui y résident. J'ai cru de mon devoir de faire venir devant moi ces affranchis, prédicateurs fainéants, dont les leçons et les exemples démoralisent les ateliers. Apprenant d'eux qu'ils ne travaillaient pas; qu'ils n'avaient pas de case à eux pour se loger, de manioc pour vivre; qu'ils se nourrissaient de chasse et de pêche, ou d'emprunts faits aux esclaves eux-mêmes, à de durs reproches je joignis de dures menaces, et, à mon départ de Kourou, j ' a i appris qu'ils s'étaient mis au travail. Les grandes habitations souffrent beaucoup du voisinage de ces affranchis, et surtout des rapports fréquents qu'ils ont avec les esclaves. Une loi sévère, qui les obligerait annuellement à justifier d'une industrie honnête, serait bien salutaire. « Le quartier de Sinnamary n'est pas plus heureux que celui de Kourou. Toutes les misères semblent s'y être aujourd'hui donné rendez-vous. La dyssenterie, les fièvres, la variole, etc. désolent ce quartier, et la fainéantise s'y est retirée depuis longtemps avec son escorte de désordres accoutumés. Parmi les esclaves des quelques habitations que j'ai visitées, les uns sont menés avec douceur, les autres avec sévérité. Rien ne manque à ces derniers, mais on exige d'eux toute la tâche. «Dans le quartier de Macouria il y a moins d'habitations que dans les précédents, mais elles sont plus importantes; les nègres y sont mieux disciplinés, les rapports des maîtres avec leurs esclaves sont moins fréquents et plus sévères. Sur beaucoup de ces habitations on ne rencontre que des régisseurs.» Les observations suivantes sont c o m m u n e s aux trois q u a r t i e r s

inspectés

p a r le magistrat. Cases et

jardins.

«Les nègres laborieux ont, indépendamment de leurs abatis, des jardins bien entretenus ; quelques-uns même ont des espèces de basse-cour où souvent le maître descend, la bourse à la main, pour approvisionner sa table. Ces nègres laborieux sont rares et ne se trouvent que sur les habitations où il y a de l'ordre et de l'autorité. Leurs cases ne laissent rien à désirer. » Nourriture. « Les ordonnances concernant la nourriture des esclaves sont tombées en désuétude. Je n'ai rencontré dans ma tournée aucun colon qui nourrît ses noirs. Il est abandonné à ceux-ci deux samedis par mois pour travailler à se procurer eux-


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