Colonies françaises

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GUADELOUPE.

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ciencieux m'autorisent à poser en fait qu'en général les noirs ont plus de terre qu'ils n'en peuvent cultiver pendant le temps qui leur appartient en propre. Dans les riches communes de la Grande-Terre, on supplée à l'insuffisance de l'étendue des terres à l'aide du mouvement de rotation des cultures, où les terres en repos sont laissées aux nègres, et ordinairement après un labour qui leur épargne les plus rudes travaux. Dans les quartiers les plus exposés à la sécheresse, à la Pointe-Noire, à Bouillante, etc. les nègres ont deux jardins (l'un dans les hauteurs, l'autre rapproché de la m e r ) , qu'ils cultivent alternativement, suivant la loi des saisons. » Nourriture. « J'ai pris en très-grande considération les instructions contenues dans la dépêche ministérielle du 23 octobre 1840 relative au mode de nourriture des esclaves et à la tolérance de la concession du samedi en remplacement de la ration (1). En y regardant de près, j'ai bientôt reconnu que cette concession, introduite peut-être dans l'intérêt réciproque du maître et de. l'esclave, est devenue sans contredit la plus sensible des améliorations effectuées dans le régime de l'esclavage. Si l'on considère son influence sur le développement de l'esprit de prévoyance et de sentiment de la propriété chez le noir, on reconnaîtra que cette concession est le plus grand pas fait dans la voie de l'émancipation et qu'elle est une véritable conquête du travail libre sur le travail esclave. D'ailleurs il n'est, je crois, aucun point de la colonie où la journée du samedi ne représente une valeur supérieure à celle de la ration fixée par les anciens règlements. Les esclaves l'entendent ainsi; en exceptant toutefois sur quelques habitations un très-petit nombre de nègres chez lesquels la paresse et l'apathie étouffent tout autre sentiment, même celui de la conservation. Mes communications avec eux ne me laissent pas douter que le retrait de cette concession ne s'opérerait pas sans de graves dangers pour la conservation de l'ordre et du travail dans cette colonie. Aussi, après avoir reconnu qu'elle était tout à l'avantage du nègre, j'ai évité d'entrer dans une tendance contraire; j'ajoute même que sur quelques habitations où j'ai trouvé l'usage établi de faire travailler les nègres paresseux à leurs jardins et pendant une portion de leur temps, sous l'autorité du commandeur, j'ai cru agir dans l'intérêt bien entendu des esclaves, en me bornant à m'enquérir avec soin de la suffisance des terres mises à leur disposition pour l'emploi le plus fructueux de leur travail et de leur temps. » Hôpitaux. «A l'égard des hôpitaux, les inspections et peut-être aussi l'instinct de la conservation et de la propriété ont puissamment excité la sollicitude des maîtres, et partout (1) Voir le texte de cette dépêche, page 27 de l'Exposé sommaire publié en avril

1841.


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