Colonies françaises

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MARTINIQUE.

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«Les esclaves sont bien soignés ; le médecin est appelé quand le cas l'exige : on fournit aux noirs les médicaments et les aliments nécessaires; il y a une ou deux infirmières , suivant le nombre des noirs. Il est de l'intérêt des maîtres de bien soigner leurs esclaves, e t , à de très-petites exceptions près, ils le font par humanité ; cela est dans les mœurs coloniales. J'ai vu peu de malades, surtout dans les hauteurs. Il y a des habitations qui n'en ont presque jamais. Les fonds du Lamentin sont insalubres , et par conséquent il y a plus de maladies dans cette commune. «Il y a plusieurs habitations où l'hôpital est très-bien construit et très-bien tenu. Je citerai particulièrement l'habitation Luppé, où l'hôpital est un bâtiment isolé, neuf, qui a coûté près de 20,000 francs; l'habitation Sanois, au Lamentin, où il y a des lits en fer confectionnés en France, et tous les objets de literie nécessaires. » Régime

disciplinaire.

«La discipline des ateliers paraît modérée à la Martinique; et, d'après les renseignements que j'ai pris et ce que j'ai vu moi-même, il y a une tendance continuelle à l'adoucir. Cela même devient une nécessité par les ménagements auxquels oblige la force d'inertie des esclaves. 11 y aura peut-être quelques malheureuses exceptions; mais j e crois fermement qu'elles deviendront de jour en jour plus rares. Il y a aussi des esclaves (en petit n o m b r e , heureusement) qui sont incorrigibles, qui ne veulent rien faire, qui volent leurs camarades, qui sont enfin une cause de désordre sur les plantations : il faut bien les châtier; car l'esclavage ne pourrait subsister si les fautes graves n'étaient pas réprimées. «Sur presque toutes les habitations que j'ai inspectées, on m'a dit qu'on abandonnait les cachots. Il y a des habitations où il n'y en a pas, et sur la plupart ils sont dans un état de dégradation qui prouve qu'on ne s'en sert plus. Plusieurs habitants m'ont dit qu'ils les détruiraient et les remplaceraient par une chambre de discipline aérée et spacieuse. 11 y en a une de ce genre sur l'habitation Luppé. On met en général au ceps, à l'hôpital, pendant la nuit, ou à la barre de justice. Les noirs sont ainsi retenus par la jambe à l'aide d'une pièce de bois trouée ou d'un anneau de fer qui ne les serre pas assez fort pour les trop gêner. Ils sont dans un lieu aéré. Ils voient d'autres esclaves avec eux ou à côté d'eux. C'est une peine qui doit être tolérée. On emploie, au reste, le ceps par l'ordre du médecin pour retenir les noirs qui ont des plaies aux jambes et qui n'ont pas la patience de rester en place et de se soigner eux-mêmes. « Partout il m'a été affirmé qu'on ne donnait jamais plus de vingt-neuf coups de fouet, et encore rarement. Les commandeurs qui suivent le travail des esclaves au jardin peuvent donner quelques coups sans ordre du maître ou de son représentant : le nombre de ces coups varie de quatre à sept.


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