Colonies françaises

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PATRONAGE DES ESCLAVES.

coup de libres. Quand je dis qu'ils ont la nourriture convenable par suite de leur travail du samedi, c'est qu'ils ont du manioc (ou des farines analogues), et du poisson salé en quantité suffisante. Les nègres se contentent fort bien de cette nourriture et n'en demandent pas davantage, avec le sirop et le tafia. La nourriture, clans ce cas, est meilleure que celle de la plus grande partie des habitants des Indes Orientales, qui ne vivent que de riz. Il y a en outre des départements en France où le blé noir en crêpes, le maïs ou le pain sont presque la seule nourriture du paysan. L'esclave est également bien vêtu quand il a un pantalon et une chemise de ginga, et les femmes, un mouchoir, une chemise et une jupe. «Je le répète donc, le bien énoncé dans nos rapports est relatif. Mais un fait certain, c'est que dans les habitations bien administrées, les noirs sont aussi heureux que leur sort le comporte et plus que beaucoup de prolétaires en Europe. Ils sont assurés de leur nourriture, de leur logement, des soins en cas de maladie; ils n'ont qu'un travail modéré; et quant au sentiment de la liberté, il n'est pas assez puissant chez la plupart d'entre eux pour rendre stérile leur bien-être matériel. «La discussion de la Chambre des Députés du G mars 1 8 4 1 , relative à l'existence des cachots dans les colonies n'était pas encore parvenue à la Martinique lorsque nous avons fait nos tournées : nous n'avons donc pas porté une attention spéciale sur cet objet. Nous avons vu toutefois sur plusieurs grandes habitations les cachots abandonnés : ou enferme les délinquants à l'hôpital et dans des pièces séparées. Cependant il en existe encore. Mais je pense que si les colons avaient à leur portée un lieu public où ils pourraient emprisonner leurs esclaves et s'ils avaient le moyen de les faire rester pendant un temps plus ou moins long dans une prison centrale, ils ne montreraient pas beaucoup d'opposition à l'abandon des cachots. » Le g o u v e r n e u r de la M a r t i n i q u e p a r t a g e l'avis d u p r o c u r e u r g é n é r a l ; il pense q u ' i l c o n v i e n d r a i t d e c r é e r d a n s c h a q u e c o m m u n e , aux frais de l ' E t a t , p l u sieurs salles de police séparées et p u b l i q u e s p o u r les esclaves, et il ajoute q u e ces prisons p o u r r a i e n t p l u s t a r d , en cas d ' é m a n c i p a t i o n , servir p o u r les e n g a g é s . O n a vu ci-dessus ( page 40 ) q u e

d e s i n s t r u c t i o n s avaient

été

adressées aux a d m i n i s t r a t i o n s c o l o n i a l e s , s o u s la date d u 1 9 n o v e m b r e 1 8 4 1 , a u sujet de la création d ' é t a b l i s s e m e n t s d e r é p r e s s i o n de ce g e n r e .

E n t r a n s m e t t a n t , le 6 m a i 1 8 4 1 , a u m i n i s t r e de la m a r i n e , le r a p p o r t Lettre da gouverneur de la Martini- d'inspection d u p r o c u r e u r g é n é r a l d e la M a r t i n i q u e , c o n c e r n a n t les c o m que au ministre de m u n e s d e Saint-Pierre et d u P r ê c h e u r , le g o u v e r n e u r de la colonie s'exprime la marine, en date ainsi : du 6 mai 1841. «Votre Excellence verra, par ma circulaire à MM. les maires, en date du 24 mars


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