Colonies françaises

Page 37

BOURBON.

31

pour l'un comme pour l'autre, qu'une source de nouvelles exigences et n o n pas de nouveaux devoirs. « Les négresses vivent d'ailleurs principalement avec des noirs d'un autre atelier. En pareil cas, il n'y aurait pas toujours consentement des maîtres au mariage; mais quand bien même des mariages auraient lieu entre esclaves appartenant et continuant d'appartenir à deux maîtres différents, et sur des habitations souvent séparées par une grande distance, que pourraient devenir les moeurs et les mariages, et comment pourrait se former la famille, en l'absence de la vie commune des époux? « Il y a un autre obstacle que j'ai déjà indiqué, l'infériorité du nombre des négresses sur les habitations; mais cet obstacle finira par disparaître en s'affaiblissant naturellement de j o u r en j o u r , à mesure que les enfants des deux sexes se présenteront sur deux lignes à peu près égales, et que les noirs disparaîtront en bien plus grand nombre que les négresses. «Je ne doute pas que les esclaves ne puissent être peu à peu préparés au mariage par la religion, par les soins des maîtres et de l'autorité, par tout ce qui peut améliorer leur état matériel et moral. Je crois que des encouragements aussi pourraient être essayés, mais avec beaucoup de soin, et de manière à ce que l'intérêt du moment ne fût pas l'unique but des futurs et le mariage seulement un moyen, dont ils ne se soucieraient plus ensuite. Le meilleur encouragement me paraît être dans l'intelligence qu'il faudrait leur donner des avantages résultant de la nature même de l'union légitime, intelligence qui leur arriverait peu à peu à la suite des premiers progrès, des premières améliorations. « L'édit de 1 7 2 3 veut que le mari, sa femme et leurs enfants impubères ne puissent être vendus séparément, quand ils sont sous la puissance d'un même maître. Il est permis aujourd'hui à Bourbon de vendre séparément les enfants de sept ans. Ne faudrait-il pas revenir au moins à la disposition de l'édit, laquelle est demeurée en vigueur dans nos autres colonies, où l'on ne sépare pas de la mère les filles au-dessous de 1 2 ans et les garçons au-dessous de 14 ans. » (Rapport du 31 octobre 1840.) «Du reste (dit le procureur général de la colonie dans son rapport du 3o janvier 1 8 4 1 ) , nous attendons toujours l'ordonnance promise par l'article 2 1 de l'ordonnance royale du 1 1 juin 1839 concernant les recensements, et qui doit régler les formalités à suivre dans les mariages d'esclaves; jusque-là tout ne sera que confusion dans une matière qui offre tant d'intérêt. »


Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.