Colonies françaises

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( 107 ) et surtout en vue du maintien de la tranquillité, pourra s'arrêter à des mesures provisoires en attendant les ordres du département de la marine. Mais vous pouvez être persuadé, Monsieur le ministre, qu'à la Guadeloupe un seul sentiment domine les fonctionnaires chargés de l'exécution des nouvelles mesures, c'est celui de leur devoir, c'est celui de conserver à cette grande colonie la tranquillité dont elle a besoin dans la transition qui se prépare, tout en ne s'écartant pas de l'esprit des nouvelles institutions. » Dans une nouvelle lettre du 27 novembre 1845, M. Layrle s'exprimait ainsi sur la situation de la colonie : « La Guadeloupe continue de jouir de la plus parfaite tranquillité. Plus on s'écarte du « jour de la promulgation de la loi du 18 juillet, plus les impressions d'inquiétude qu'elle « avait fait naître se dissipent. Les ateliers, qui d'abord n'étaient pas satisfaits de la loi, «dont ils attendaient davantage, s'en inquiètent peu aujourd'hui. La généralité des « maîtres , malgré la répugnance qu'ils ont manifestée, tient à ne pas s'écarter de l'esprit «et de la lettre des nouvelles mesures, en sorte que le travail se soutient partout, et qu'au« cune des sinistres prévisions que certains esprits s'étaient plu à répandre ne se réalise « et ne se réalisera. En effet, les maîtres seuls, par leurs exigences, pourraient jeter la « perturbation clans leurs ateliers; mais ils sont trop intéressés à conserver l'ordre et la « paix pour qu'on ne les voie pas, en toutes circonstances, faire preuve de modération et « entrer dans les vues du gouvernement du Roi. » La correspondance subséquente du gouverneur confirme les espérances qui'l avait conçues dès le début de son administration. On lit ce qui suit dans la dernière lettre, en date du 26 février 1 8 4 6 , adressée par lui au département de la marine, au sujet de l'exécution de la loi du 18 juillet 1 8 4 5 : « Après avoir pris connaissance des diverses branches du service, après avoir pourvu à «l'exécution de la loi du 18 juillet 1 8 4 5 , et avoir fait pour celle du 19 du même mois « tout ce qu'il est possible de faire pour le moment, en ce qui touche la métamorphose «des habitations domaniales en établissements agricoles, destinés à servir d'ateliers de «travail libre et d'ateliers de discipline, j'ai pensé que j e devais compléter les connais« sances que j'ai acquises depuis quatre mois, par une tournée dans la colonie. En consé«quence, j'ai quitté la Basse-Terre le 16 février pour me rendre à la-Pointe-à-Pître, où «je suis depuis le 19 suivant. Chemin faisant, j'ai visité les communes des Trois-Rivières, « de la Capesterre et du Petit-Bourg. « J'ai la satisfaction d'annoncer à Votre Excellence que partout, sur mon passage, j'ai « trouvé les ateliers dans l'attitude la plus calme, et le travail tout aussi bon, tout aussi « productif qu'avant la loi du 18 juillet. Les maîtres, revenus des inquiétudes du premier « m o m e n t , m'ont paru très-satisfaits du nouvel ordre de choses, tout en s'étonnant qu'il « n'ait pas conduit à quelque perturbation. J'ai, en outre, la conviction que le calme des « ateliers est tout autre chose qu'apparent; je le crois réel et durable, en dépit de certains « esprits qui affectent de voir des symptômes de trouble là où il n'en existe aucun. « Quoique je ne sois qu'au début de ma tournée, tout me porte à croire que j'aurai lieu « d'en être satisfait au point de vue de la tranquillité du pays du bon esprit des habitants, et du travail, qui semble plutôt avoir pris une nouvelle vigueur depuis la loi du 18 juillet, qu'avoir périclité. » 14.


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