Colonies françaises

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( 94 ) songer à les confondre dans les mêmes écoles. Il deviendra indispensable de créer des établissements spéciaux pour ceux-ci. Les notes des maires, consignées dans le travail que j'ai l'honneur de vous adresser, monsieur le ministre, énoncent à ce sujet, un fait incontestable , c'est que tous les libres déserteraient les écoles le jour ou un enfant esclave y serait admis. L'île de Saint-Martin, dont l'isolement aprobablement atténué les préjugés, est la seule localité qui fasse exception à cette règle. Toutefois, monsieur le ministre, si l'administration a cru de son devoir de ne pas vous laisser ignorer les difficultés qui se présenteront, elle ne prétend point établir qu'elles soient insurmontables. Son but, en les indiquant dès l'abord, a été de mettre le département à même de combiner les moyens de les aplanir. Je n'ai pas besoin d'ajouter que vous pouvez compter sur le concours ferme et constant que prêtera l'autorité coloniale à la réalisation des intentions du Gouvernement. Veuillez agréer, etc. Le Gouverneur, GUYANE

LAYRLE.

FRANÇAISE.

Extrait d'une lettre de M. le Gouverneur de la Guyane Française, en date du 30 septembre 1845. Votre Excellence s'étonnera sans doute de l'absence des jeunes esclaves de l'école gratuite des frères. Cette école, comme toutes les écoles de la colonie, est ouverte à toutes les conditions; si les jeunes esclaves n'y viennent pas, c'est que leurs maîtres préfèrent les garder chez eux et les employer à des travaux de leur âge. A l'endroit de l'instruction à donner aux jeunes esclaves, les colons ont des préjugés qui n'ont pas encore fléchi, et sur lesquels ils se montrent intraitables. C'est là un fait qu'il est utile de constater au moment où les statistiques réclamées par les Chambres législatives vont faire ressortir l'infériorité regrettable du nombre des jeunes esclaves dans les écoles. L'école des frères de Ploërmel donne à l'administration locale toute satisfaction. Pour mon compte, je suis heureux de reconnaître le zèle et la persévérance que montrent ces instituteurs religieux à instruire et à moraliser des enfants généralement très-négligés de leurs parents. Malheureusement le nombre de ces instituteurs est insuffisant. e

Pendant l'année scolaire qui vient de finir, les frères n'ont été que 5 , le 6 est en France depuis longtemps pour sa santé, et il n'a pas été pourvu à son remplacement. 5 instituteurs pour près de 3 o o enfants, c'est trop peu , surtout si l'on songe que le chiffre est réduit, à tout moment, par les maladies. Le nombre restreint des frères les oblige à ne recevoir à leur école que des enfants au-dessus de l'âge de sept ans. Si les frères étaient plus nombreux, ils auraient une classe d'enfants plus jeunes, une classe pour les jeunes hommes en dehors des heures habituelles, et une retenue entre les classes pour faire travailler les paresseux. Mais cette adjonction de classes sera impossible tant que le nombre des frères ne sera pas porté à 8 pour la ville de Cayenne. Je prie Votre Excellence de prendre en considération les améliorations que je viens d'avoir l'honneur de lui signaler, et de profiter de l'augmentation des allocations de l'instruction élémentaire pour donner à l'école des frères de Cayenne l'essor qu'elle est susceptible de recevoir, et qu'il est à désirer qu'elle reçoive dans l'intérêt de la population pauvre. En attendant, l'école des frères marchera avec ses


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