Colonies françaises

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ANNEXE № 1 1 . OBSERVATIONS GÉNÉRALES DES

GOUVERNEURS

SUR L'ENSEIGNEMENT RELIGIEUX E T ELEMENTAIRE D E S N O I R S .

MARTINIQUE.

Extrait

d'une lettre du gouverneur de la Martinique en date du 25 décembre

au ministre de la

marine,

1845.

Vous remarquerez sans doute avec satisfaction, monsieur le ministre, que les autorités municipales de la colonie n'ont porté aucun empêchement à ce que les esclaves fussent admis dans les écoles gratuites, et qu'il n'existe à leur égard aucune exclusion. Je crois devoir, à cette occasion, déclarer q u e , si la classe blanche conserve des préjugés fâcheux, les disposition d'esprit des personnes appartenant à l'anciennne classe de couleur sont telles aussi, qu'elles éprouveront toujours une répugnance invincible à voir leurs enfants confondus avec des esclaves et assis sur le même banc qu'eux, et qu'elles préfèreront plutôt les laisser manquer d'instruction ou bien les faire élever à leurs frais dans des écoles non gratuites. Quoi qu'il en soit, l'école des frères de Saint-Pierre reçoit deux enfants esclaves, et la dame Jean-Bart, à Sainte-Marie, en reçoit aussi un. J'ai eu précédemment l'occasion d'informer le département de la marine que les établissement de frères de Ploërmel et de sœurs de Saint-Joseph étaient de plus en plus appréciés, et que la prévention qui s'était manifestée d'abord à leur égard avait disparu. En effet, on a compris à la Martinique que, pour préparer la population à une nouvelle position sociale, il était nécessaire de lui inculquer des principes d'ordre, de morale et de civilisation que l'éducation seule peut développer. Bien des maires réclament donc avec instance l'établissement d'écoles gratuites dans leurs communes, les considérant comme un bienfait de premier ordre, comme le seul moyen de maintenir la jeunesse et de lui donner l'amour du travail : plusieurs communes de la colonie ont même fait figurer dans leur budget, une somme pour leur installation. Aucune suite n'a pu être donnée aux demandes réitérées adressées, à ce sujet, à l'administration, le personnel des frères de Ploërmel et des sœurs de Saint-Joseph étant insuffisant et les fonds existant au service général n'étant votés que pour un nombre déterminé d'écoles. Je me réfère aux considérations développées dans mes deux lettres du mois de mars 1845, auxquelles j'ai l'honneur de vous prier de vouloir bien vous reporter, et j'appellerai


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