Colonies françaises

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MARTINIQUE

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«veut avoir de la patience et laisser les missionnaires exercer paternellement leur in¬ « fluence toute naturelle, à la Martinique, sur leurs paroissiens.» « Ce que M. le vice-préfet apostolique énonce relativement à la foule qui se presse dans les églises, le dimanche et les jours de fêtes, est de la plus grande exactitude; j'ajouterai que tout s'y passe avec ordre et recueillement. «Il y a lieu, je pense, Monsieur le Ministre, de faire, entre les obligations imposées à MM. les ecclésiastiques, une distinction. «Comme curés et vicaires de paroisse, ils ont des devoirs à remplir, qui s'étendent à tous leurs paroissiens ; ils s'en acquittent avec un zèle plus ou moins grand, et les paroissiens profitent plus ou moins des instructions données; c'est ce qui se présente ici comme dans toutes les paroisses de France. «De plus, les ecclésiastiques ont ici à faire des instructions spéciales pour une portion de la population, soit dans les églises, soit sur les habitations là commence la difficulté. «Si l'on entreprenait en France de faire des instructions spéciales, comme celles qui sont prescrites pour les colonies, il est probable que l'on y éprouverait les mêmes difficultés : on ne trouverait pas toujours un grand nombre d'assistants, ni les dispositions nécessaires pour qu'elles soient suivies avec fruit ; les ecclésiastiques pourraient difficilement se transporter dans les campagnes à cet effet. «Ici, il n'en est pas autrement, et, de plus, une portion notable de la population à laquelle ces instructions seraient surtout nécessaires en est éloignée par des habitudes qu'il est difficile de changer. La situation tout exceptionnelle des colonies vient encore ajouter en ce moment aux difficultés ; car c'est une instruction politique, et non pas seulement religieuse, que beaucoup d'habitants (toutefois sans motif légitime) craignent de voir donner à leurs esclaves. «Il ne serait donc pas juste de rendre le clergé tout à fait responsable si toutes ces difficultés se présentent et ne sont pas aplanies subitement. « Le devoir de l'administration est de veiller à ce que les ecclésiastiques remplissent leurs diverses obligations, et qu'ils se maintiennent, à cet égard, dans la voie tracée par les ordonnances ou les instructions qui sont envoyées par votre département : c'est ce qu'elle fait; et ici je dois repousser, en ce qui concerne la Martinique ( sans pouvoir y répondre positivement, puisque aucun fait n'est cité dans la circulaire du 17 août), l'accusation dirigée contre les autorités coloniales. «Votre Excellence a pu reconnaître, d'ailleurs, par les instructions qui ont été envoyées dans les communes et qui ont reçu son approbation, q u e , tout en ménageant les susceptibilités qui pouvaient se présenter, l'administration était entrée franchement dans l'exécution des mesures relatives à l'instruction religieuse, et je ne crains pas de lui affirmer que tout ecclésiastique qui aura besoin de recourir à l'administration trouvera toujours auprès d'elle un appui, toutes les fois qu'il aura


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