Colonies françaises

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PATRONAGE DES ESCLAVES.

sont-ils généralement mal tenus. Sur les habitations de 10 à 2 5 noirs, les esclaves malades sont traités dans leurs cases; quelquefois une case à part est transformée momentanément en hôpital. Sur les grandes habitations à sucre, il y a toujours un hôpital, mais souvent il est dépourvu des objets les plus essentiels, quoique ordinairement chaque habitant ait une petite pharmacie portative. Il y a cependant quelques hôpitaux remarquables : ceux de MM. Lemarchand à Saint-Paul, Charles Mottais et Kerveguen à Saint-Pierre. Là un hôpital particulier est en outre destiné aux femmes enceintes qui approchent du terme, et aux nourrices. » (Rapport du 15 septembre

1841.)

Régime disciplinaire. « Les prisons et autres lieux de détention sont des cases comme toutes les autres, ayant une largeur variable de 3 à 5 mètres, une longueur proportionnée au nombre des esclaves de l'habitation, une élévation de murs de 2 mètres 80 centimètres à 4 mètres, et sur lesquels est posé un toit dont l'inclinaison est généralement de 45 degrés. Dans cette prison est ordinairement dressé un lit de camp, terminé à sa basse-pente par un bloc, ( barre percée de trous ), où l'esclave récalcitrant est tenu par le pied, sans que les mouvements en puissent être gênés. Ces lieux sont toujours bien éclairés sur la plupart des habitations, et ils ne sont pas même fermés ; l'esclave y est retenu, mais c'est là toute sa peine; car il lui arrive souvent d'y passer la nuit en causeries avec les noirs de l'habitation qui viennent allumer leur feu et faire cuire leurs aliments à côté de son bloc J'ai vivement engagé les habitants que je visitais à établir de fortes séparations dans ces prisons, de manière à isoler les détenus indisciplinés et à les séparer de toute communication avec les noirs d'habitation » «La privation de son indépendance nocturne est ce qui touche le plus le noir. On en a vu solliciter la peine du fouet dans sa plus grande rigueur, dans le but de n'être pas retenus ainsi. On n'en connaît pas qui aient résisté à la prison solitaire : malheureusement ce mode est dispendieux. Bien des habitants préfèrent, dans un moment d'humeur, faire donner quelques coups de rotin à un noir en faute, que de se priver de son travail pendant un ou deux jours. Toutefois ces mêmes habitants conviennent sans tergiversation que la prison a de très - grands avantages sur le fouet; cette peine du fouet a été si fort stigmatisée et s'efface si fort des mœurs, qu'aujourd'hui on trouve peu de maîtres qui osent avouer qu'ils en font usage J'ajouterai qu'indépendamment de ce que plusieurs habitants ont complétement aboli le fouet, beaucoup ont interdit à leurs commandeurs de donner, de leur autorité privée, des coups de fouet aux esclaves. Sous ce rapport, l'arrondissement sous le Vent, quoiqu'il soit en général moins avancé que l'autre, est réellement en voie de progrès. « La peine de la chaîne est celle qui est le plus usitée pour punir les esclaves pris


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