Colonies françaises

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BOURBON.

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morale du noir; ils n'ont pas livré à leurs esclaves une surface assez vaste. J'ai tâché de faire comprendre aux habitants l'avantage qu'il y aurait pour eux à céder à leurs esclaves un vaste terrain, à le diviser en larges carreaux, en rues ou allées régulières, à y placer les cases seules ou deux à deux, au milieu d'un carreau que l'esclave cultiverait pour lui, et à s'entourer ainsi d'un camp d'un aspect agréable et propre, où les animaux seraient parqués séparément à côté de la case de leur propriétaire, où l'air circulerait librement, où le moindre désordre serait immédiatement aperçu. On comprend bien ces observations ; mais, d'un côté, le noir, qui fuit toute surveillance, répugne à des modifications ; de l'autre, la mollesse des maîtres, le défaut de moyens dans un pays où les bras commencent à manquer; enfin, pour tous, l'instabilité des institutions coloniales, les empêchent de rien entreprendre à cet égard. Cet objet appelle instamment des dispositions réglementaires, afin de ne pas laisser les officiers du ministère public dans la voie de simples exhortations ou de constatations sans résultats. » (Rapport du 15 septembre 1841.) Le procureur général cite comme se faisant surtout remarquer par la bonne tenue des cases et le bon état des jardins, les habitations Laprade et Laffon, Lossandière aîné, Déheaulme, Pierre Guy Lesport, Tiphaine et Kerveguen. Pécule et rachat. «Jamais ou presque jamais (dit le procureur général) l'esclave ne tue et ne mange les animaux domestiques qu'il élève. Il les vend, et il fait ensuite des excès de boire et de manger pendant plusieurs jours ; il achète à haut prix du linge de qualité très-inférieure ; il offre à une négresse un châle ou une robe ; et très-rarement il amasse ses petits fonds. Il y a des noirs cultivateurs qui gagnent ainsi jusqu'à 500 francs par an; mais on en compte bien peu qui fassent des économies pour se racheter de leur maître. En général, si les esclaves font des dépôts, c'est entre les mains, ordinairement infidèles, d'un autre noir ou d'un affranchi qui s'est insinué dans leur confiance. Je ne pense pas que de longtemps on pût décider les esclaves à placer le fruit de leurs économies à une caisse d'épargne. Ils se défient des blancs et craignent bien plus d'avoir à rendre compte à leurs maîtres de l'état d'accroissement, souvent inexplicable, de leur pécule, que de s'exposer à être dépouillés par le dépositaire auquel ils l'ont confié. Le noir le plus dévoué est toujours, dissimulé pour son maître.» (Rapport du 15 septembre 1841.) Hôpitaux. «L'arrondissement sous le Vent n'est pas plus favorisé, sous le rapport des hôpitaux , que celui du Vent. Il n'y a d'hôpitaux que sur les grandes habitations, et encore


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