Colonies françaises

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BOURBON.

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la même propriété, obtenir un ordre et une propreté dont les noirs ne sentent pas le besoin , ou que leur apathie naturelle, que rien ne stimule, les empêche de rechercher. » [Rapport du 18 août 1861.) Saint-Benoît et Sainte-Suzanne. — A l'exception de deux ou trois habitations sur lesquelles existent des camps, le magistrat inspecteur n'a vu ailleurs que quelques cases éparses. Ces cases, les unes en torchis ou en paille, les autres, et c'est le plus grand nombre, en planches ou en morceaux de bois ronds, laissent presque toutes à désirer. «Sur chaque habitation (dit le magistrat inspecteur) il y a des industriels de deux sortes, si je puis m'exprimer ainsi : ceux qui cherchent à tirer parti de leurs jardins soit pour leur consommation , soit pour en vendre les produits, soit enfin pour élever des animaux, et ceux qui ne veulent se donner d'autre peine que de profiter par le vol du travail des premiers. De là il suit que ceux-ci, pour mettre autant que possible le fruit de leur labeur à 1 abri des coups de main nocturnes, ne manquent pas de renfermer la nuit leurs animaux dans leurs propres cases; puis ils se font un argument de ces vols fréquents contre les observations qui tendent à leur prouver combien cet usage est malsain.» (Rapport du 1er juillet 1841.) Quelques noirs, sous prétexte que leurs cases ne leur conviennent pas, en font un trafic à la suite duquel ils se trouvent sans asile ou en cherchent un dans la case de leurs camarades, déjà trop à l'étroit. «J'ai blâmé cet usage (dit le magistrat inspecteur), en faisant observer au maître qu'en pareil cas il devait s'interposer de toute son autorité, sous peine de laisser croire , pour le moins, à une répréhensible incurie cl de se voir exposé aux atteintes de l'article 473 (n° 12) du Code pénal.» (Même rapport.) Jardins. Saint-Benoit et Sainte-Suzanne. — Dans ces deux communes, chaque case à noirs est en général entourée d'un jardin. Quant à la culture de ce jardin, elle est pour ainsi dire nulle, c'est-à-dire que si le noir y plante quelques bananiers, des légumes et du tabac, il se repose sur la nature du soin de faire venir ces cultures à bien. Le magistrat inspecteur n'a trouvé qu'un très-petit nombre de jardins où il en fût autrement. Souvent, outre le jardin placé près de la case, le noir a la faculté de cultiver un terrain plus considérable: il est rare qu'il en use. Chez les propriétaires qui ont des exploitations de bois, on ne voit guère de jardins : les noirs préfèrent aller, le diman-


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