Colonies françaises

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BOURBON.

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vendent les vêtements qui leur sont donnés aussitôt qu'ils les ont reçus, ou les roulent autour de leurs reins en forme de ceinture , quand on les force à les garder. Les esclaves qui habitent la ville sont tous habillés , quelques-uns avec luxe, trop de luxe même, ce qui explique les vols nombreux commis par les noirs. Sur les grandes et moyennes habitations, les colons donnent à chaque noir et à chaque négresse deux rechanges par an. Les commandeurs reçoivent une pièce entière de toile bleue, le premier jour de l'an. Sur les habitations de moindre importance, des distributions de vêtements ont lieu parmi les esclaves, mais d'une manière moins générale et moins régulière. Le procureur du Roi (intérimaire) de Saint-Paul pense que l'habitude de se vêtir sera plus générale quand les générations cafre et malgache auront fait place à une population toute créole ; il fait observer que le goût des vêtements propres et recherchés est d'autant plus prononcé, que les esclaves des deux sexes sont plus rapprochés du chef-lieu de la commune, et que, pour ces derniers, c'est même un véritable besoin. Il ajoute que dans l'état actuel des choses il sera difficile aux officiers du parquet d'exercer sur cette partie des obligations du maître un contrôle bien efficace, la nudité plus ou moins complète d'un grand nombre de noirs étant très-souvent un fait indépendant de la volonté des colons. Au reste, dit-il, il n'y a que les hommes qui soient dans cet état de nudité. Toutes les négresses, quels que soient leur âge, leur profession, leur caste et le lieu de leur résidence habituelle, aiment à être convenablement vêtues, et il n'en est pas une seule qui consentît à se montrer nue. Logement. Saint-Paul. — « Les cases des noirs de cette commune ( dit le magistrat inspecteur ) sont habituellement en bois couchés ou en gaulettes recouvertes en paille ou en torchis. Les premières sont les plus commodes ; elles datent toutes d'une époque où les bois de construction étaient très-communs sur les habitations : ce sont celles qu'occupent d'habitude les commandeurs, les ouvriers et quelques noirs d'élite, chefs de famille. Dans toutes celles-là j'ai constamment trouvé quelques menus meubles, des coffres pleins de linge et quelquefois des armoires assez propres. Les autres sont loin d'être aussi bien entretenues , quoiqu'elles mettent ceux qui les habitent entièrement à l'abri de l'intempérie des saisons, à un très-petit nombre d'exceptions près, exceptions qui se présentent presque toujours sur les habitations où le maître ne réside pas, ou qui n'ont pas de régisseurs blancs.


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