Colonies françaises

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BOURBON.

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Sur toutes les sucreries le travail commence plus tôt et finit plus tard pendant la manipulation des cannes : il dure depuis trois à quatre heures du malin jusqu'à neuf à dix heures du soir. Quelques usines ne s'arrêtent pas et fonctionnent toute la nuit; mais alors le travail se divise entre deux bandes, comme dans les boulangeries : l'une travaille de minuit à midi, l'autre de midi à minuit, et cela pendant la moitié de l'année environ, quelquefois davantage. Le magistrat inspecteur a entendu faire partout la remarque que c'était l'époque où les noirs paraissent le mieux portants, où ils se conduisent le mieux et où il y a le moins de marrons. Il attribue leur bon état de santé à ce qu'ils ont du vesou et. du sirop en abondance, et à ce que, sur la plupart des sucreries, ils reçoivent une ration supplémentaire de morue, ainsi qu'un peu de rhum et du café. «Il est un genre de travail (ajoute le procureur du Roi de Saint-Denis) qui passe pour plus pénible que celui d e la manipulation, c'est celui des trous d e cannes; mais il n e se prolonge pas au delà des bornes ordinaires, et les habitants ont même adopté pour celui-là un usage très-favorable au noir laborieux : ils donnent une tâche, qui consiste à faire dans la journée un nombre déterminé d e trous, et à la fin de laquelle le noir dispose de tout le temps qui lui reste. J'ai vu sur une habitation, dans le quartier de Saint-Denis, plusieurs noirs dont la tâche était terminée à deux heures, et sur une autre habitation, à Sainte-Marie, des noirs qui avaient fini la leur à trois, à quatre et à cinq heures. « Il est à regretter qu'on n'ait pas encore essayé d'appliquer la même méthode à tous les travaux, à tous ceux d u moins qui en seraient susceptibles. J e me souviens de l'avoir vue, dans une autre colonie (la Guyane), appliquée à toute espèce d'ouvrage; je la crois excellente, pourvu qu'on n'en abuse pas, et que l'on proportionne la tâche aux forces de chacun. «Outre le labeur ordinaire du jour, et indépendamment du surcroît de travail auquel donne lieu la manipulation des cannes, il y a, sur plusieurs habitations, la corvée du soir, qui dure jusqu'à 7, 8 et 9 heures, soit avant, soit après le souper. J e n'ai pas encore fait de visites aux heures de la corvée , et je n'en ai connaissance que par quelques maîtres et par la notoriété publique. J e ne crois pas, d'ailleurs, que les travaux en soient d'une nature pénible : c'est seulement encore une prolongation de la journée, qu'aucune disposition spéciale n'autorise ni ne prohibe à ma connaissance. « Il y a encore une autre corvée, celle du dimanche, qui dure communément depuis le lever du jour jusqu'à 8", 9 et 10 heures du matin, et, pour quelques ateliers, peut-être jusqu'à 11 heures et midi La corvée du dimanche est un usage qui paraît tellement irréprochable aux habitants, que c'est par eux-mêmes que j'ai EXPOSÉ SOMMAIRE.


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