Choix des lettres édifiantes écrites des missions étrangères. Tome 8, volume 2. Partie 2

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R É P U B L I Q U E

C H R É T I E N N E

qu'ils entrent dans toutes leurs a f f a i r e s , et qu'ils les dirigent autant pour le temporel que pour le spirituel. Cependant chaque bourgade a tous les mêmes officiers de justice et de p o l i c e , que les villes espagnoles : un corrégidor, qui est choisi par les Indiens m ê m e s , avec l'assistance des missionnaires; des r é gidors et des alcaldes, qui sont choisis de la même manière. Mais ces élections doivent être confirmées par le gouverneur de la province ; et comme on ne sauroit guères compter sur la capacité de ces offic i e r s , ils ne peuvent infliger aucune peine, ni rien décider de quelque importance, sans l'approbation de leurs pasteurs. Ces peines au reste se réduisent à des prières, à des jeûnes, à la p r i s o n , et quelquefois au f o u e t , ces néophytes ne faisant point de fautes qui en méritent de plus sévères. Avant que de les emprisonner on leur fait connoître leurs fautes avec beaucoup de douceur, et on n'a aucune peine à leur persuader qu'ils méritent le châtiment : aussi le reçoivent-ils avec humilité; et il est sans exemple, qu'aucun ait témoigné le moindre ressentiment contre ses juges. « Ils o n t , dit don Antoine de U l l o a , une si » grande confiance en leurs pasteurs, que quand ils » auroient été punis sans sujet, ils croiroient l'avoir » m é r i t é » . E n f i n , il y a dans chaque bourgade un cacique, qui en est comme le chef ; mais ses principales fonctions sont pour le militaire; il est exempt du tribut, aussi bien que son fils aîné. On a cru devoir prendre les plus grandes précautions, pour empêcher que ces nouveaux chrétiens n'ayent aucun commerce avec les Espagnols, et que ceux-ci


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