Choix des lettres édifiantes écrites des missions étrangères. Tome 8, volume 2. Partie 1

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sauvage soit si rétréci, si borné dans son exercice ? l'avidité de son intelligence ne se porte que vers les êtres sensibles ; il ne connoît aucune des idées que nous appelons abstraites , universelles , réfléchies ; son langage borné comme son esprit, ne sait nommer que les objets matériels. 11 n'y pas dans la langue que parlent les peuplades américaines , de mots propres pour exprimer les idées de substance, de d u r é e , d'espace ; un Sauvage n u , accroupi près du feu qu'il a allumé dans sa chaumière , couché sous des branchages qui lui offrent un abri momentané , n'a ni le désir , ni le pouvoir de combiner ses idées, de les comparer pour en extraire des jugemens raisonnes , encore moins de s'élever jusqu'à des spéculations savantes. Chez les nations civilisées, l'arithmétique, ou l'art d'assembler et de combiner les nombres, est une science essentielle et élémentaire, parce qu'elle est un des premiers liens et des plus nécessaires de la société ; mais à des Sauvages qui n'ont ni des biens à évaluer, ni des richesses accumulées à compter, ni des objets de commerce à calculer en numéraire, cet art a dû paroître inutile et superflu ; aussi est-il inconnu parmi la plupart des Américains indigènes. Il est des Sauvages qui ne peuvent compter jusqu'à trois, et qui n'ont pas même dans leur langue de terme pour exprimer uu nombre supérieur ; c'est beaucoup pour quelques autres, de compter jusqu'à dix ou jusqu'à vingt : s'agit-il d'un nombre qui aille au delà, ils montrent leur tête , pour faire entendra ^u'ilégaje celui de leurs cheveux. Les Iroquois, quj


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