D E S
N A T C H E Z .
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J'ai dit : E t il jette un collier rouge dans l'assemblée. Une matrone se lève et dit : Mon père l'aigle ,' vous avez l'esprit d'un r e n a r d , et la prudente lenteur d'une tortue ; je veux éclaircir entre vous et moi la chaîne d'amitié , et nous planterons l'arbre de paix ; mais changeons les coutumes de nos aïeux , en ce qu'elle ont de funeste ; ayons des esclaves qui cultivent nos champs , n'entendons plus les cris du prisonnier , qui troublent le sein des mères. J'ai dit : Comme on voit les flots de la mer se briser pendant un orage ; comme en automne les feuilles s é chées sont enlevées par un tourbillon.; comme les roseaux du Meschacebé plient et se relèvent dans une inondation subite; comme un grand troupeau de cerfs brame au fond d'une forêt, ainsi s'agitoit et murmuroit le conseil. Des sachems, des guerriers , des matrones parlent tour à tour ou tous ensemble ; les intérêts se choquent, les opinions sont partagées, le conseil va se dissoudre; mais enfin , l'usage antique l'emporte , et l'on décide que je serai brûlé , avec les tourmens accoutumés. Une circonstance vient relarder mon supplice ; la fête des morts , ou le festin des ames approchoit : il est d'usage qu'on ne fasse mourir aucun captif pendant les jours consacrés à cette grande cérémonie ; on me confia a une garde sévère, et sans doute , les sachems éloignèrent la fille de Simaghan , car je ne la revis plus.