Choix des lettres édifiantes écrites des missions étrangères. Tome 7, volume 1. Partie 2

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» est mon s o r t , il n'y a plus que quelques instans » de vie pour moi ; Dieu en soit b é n i , je n'appréy\ hende point la m o r t , quelque cruelle que soit » celle qu'on me prépare , mes péchés en méritent » davantage; priez le Seigneur qu'il me les p a r « donne, et qu'il me donne la force de souffrir ». Elle » parloit à haute voix et dans sa langue ; on ne pouvoit assez s'étonner que dans le triste état où elle étoit réduite , elle eût encore l'esprit si p r é sent. On la conduisit pour peu de temps dans la cabane d'une Française, habitante de Montréal, qui étoit aussi en captivité. La Française prit ce temps-là pour encourager Marguerite, et pour l'exhorter à souffrir avec constance un tourment passager , en vue des récompenses éternelles dont il seroit suivi. Marguerite la remercia des conseils charitables qu'elle lui d o n n o i t , et elle répéta ce qu'elle avoit déjà d i t , qu'elle n'avoit nulle appréhension de la m o r t , et qu'elle l'acceptoit de bon cœur ; elle ajouta même que depuis son baptême, elle avoit demandé à Dieu la grâce de souffrir pour son amour , et que voyant son corps tout déchiré , elle ne pouvoit dout e r que Dieu n'eût exaucé sa prière ; qu'elle mouroit c o n t e n t e , et qu'elle ne souhaitoit aucun mal à sesparens ni à ses compatriotes qui devenoient ses .bourreaux ; qu'au contraire, elle prioit Dieu de leur pardonner leur c r i m e , et de leur faire la grâce de se convertir à la foi. C'est une chose remarquable, que les trois néophytes dont je parle, ayent prié à la mort pour le salut, de ceux qui les traitoient si cruellement ;


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