Choix des lettres édifiantes écrites des missions étrangères. Tome 7, volume 1. Partie 2

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On donna la vie à sa femme, comme il l'avoit prédit ; elle resta encore quelque temps captive dans le pays, sans que les prières ni les menaces pussent ébranler sa foi : s'étant rendue à Agnié , qui est le lieu de sa naissance, elle y demeura jusqu'à ce que son fils l'allât chercher et la remenât au Sault. A l'égard du Sauvage qui fut pris en même temps qu'Etienne, il en fut quille pour avoir quelques doigls coupés, avec une grande incision qu'on lui fit à la jambe; il fut conduit ensuite à Goïogoens, où on lui accorda la vie : on mit tout en œuvre pour l'engager à s'y marier et à se livrer aux désordres o r dinaires de la nation ; mais i|l répondit constamment que sa religion lui défendoit ces sortes d'excès ; enfin, étant venu avec un parti de guerriers vers Montréal, il se déroba secrètement de ses compagnons , et se rendit à la mission du Sault, où il a vécu depuis avec beaucoup de piété. Deux ans a p r è s , une femme de la même mission fit paraître une constance égale à celle d'Etienne, et finit comme lui sa vie dans les flammes ; elle s'appeloit Françoise Gonannhatenha, elle étoit d'Onnontag u é , et avoit été baptisée par le père Fremin; toute la mission étoit édifiée de sa piété , de sa modestie , et de la charité qu'elle exerçoit envers les pauvres. Comme elle étoit à son aise, elle partageoit ses biens à plusieurs familles qui se soutenoient de ses libéralités ; ayant perdu son premier m a r i , elle épousa un vertueux chrétien, qui étoit d'Onnontagué comme elle , et qui demeurait depuis long-temps à ChâteauG u a y , qui est à trois lieues du Sault ; il y passoit


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