Choix des lettres édifiantes écrites des missions étrangères. Tome 7, volume 1. Partie 2

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tragédie du lendemain. Dès le grand matin les Sauvages se rassemblèrent autour des retranchemens ; ils débutèrent par demander aux Anglais les marchandises , provisions , en un m o t , toutes les richesses que leurs yeux intéressés pouvoient apercevoir ; mais c'étoit des demandes faites sur un ton à annoncer un coup de lance pour prix d'un refus : on se dessaisit , on se dépouilla, on se réduisit à rien pour acheter au moins la vie par ce dépouillement universel. Cette condescendance devoit adoucir les esprits ; mais le cœur des Sauvages ne semble pas fait comme celui des autres hommes : vous diriez qu'il e s t , par sa nature , le siége de l'inhumanité ; ils n'en furent pas moins disposés à se porter aux plus dures extrémités. Le corps de quatre cents hommes de troupes françaises, destiné à protéger la retraite des ennemis., arriva et se rangea en haie. Les Anglais c o m mencèrent à défiler : malheur à tous ceux qui fermèrent-la m a r c h e , ou aux traîneurs que l'indisposition on^quelque autre raison séparoit tant soit peu de la troupe ; ce fut autant de morts dont les cadavres jonchèrent bientôt la t e r r e , et couvrirent l'enceinte des retranchemens. Cette boucherie, qui ne fut d'abord que l'ouvrage de quelques Sauvages, fut le signal qui en fit de presque t o u s , autant de bêtes féroces ; ils déchargeoient à droite et à gauche, de grands coups de haches à ceux qui leur tomboient sous la main. Le massacre ne fut cependant pas de d u r é e , ni aussi considérable que tant de furie sembloit le faire craindre; il ne monta guères qu'à quarante ou cinquante hommes. La patience des Anglais,


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