D E S
N É O P H Y T E S .
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animée par un accident qui là mit en grand danger de perdre la vie. Elle coupoit un arbre dans le bois, qui tomba plutôt qu'elle ne l'avoit prévu; elle eut assez de temps pour éviter, en se retirant, le gros de l'arbre qui l'auroit écrasée par sa chute, mais elle ne put échapper à une des branches qui lui; frappa rudement la tête, et qui la jeta évanouie par terre ; elle revint peu après de.son évanouissement, et on lui entendit prononcer doucement ces paroles : Je vous
remercie,
ô .bon
Jésus,
de
m'avoir
secourue
Elle ne- douta point que Dieu ne l'eût conservée pour lui. donner Je loisir d'expier ses péchés par la pénitence; c'est ce qu'elle déclara à une compagne qui se sentoit appelée comme elle à une vie austère, et avec qui elle fut dans une liaison si intime, qu'elles se communaiquoient l'une à l'autre ce qui se passoit de plus secret dans leur intérieur. Cette nouvelle compagne a eti tant de part à la vie de Catherine , que je ne puis me dispenser de vous en parler. Thérèse ( c'est ainsi qu'elle s'appeloit ) avoit été baptisée par le père Bruyas, dans le pays des Iroquois; mais la licence qui régnoit parmi ceux de sa nation , et les mauvais exemples qu'elle avoit sans cesse d e vant les yeux, lui firent bientôt oublier les engagemens de son baptême. Le séjour même qu'elle faisoit depuis quelque temps, à la mission du Sault, où elle étoit venue demeurer avec sa famille, n'avoit produit qu'un médiocre changement dans ses' mœurs ; une aventure des plus étranges, qui lui arriva , opéra enfin sa conversion. dans
ce danger.