Choix des lettres édifiantes écrites des missions étrangères. Tome 7, volume 1. Partie 2

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MOEURS

bien qu'il soit si agréable aux femmes des Sauvages ; parce que , débarrassées des soins domestiques, elles passent le temps dans les divertissemens et les festins. Elle soupiroit sans cesse après la saison où l'on a coutume de retourner au village : l'église, la présence de Jésus-Christ dans l'auguste Sacrement de nos autels, le saint sacrifice de la messe, les exhortations fréquentes, et les autres exercices de la mission dont on est privé tandis qu'on est occupé de la chasse, étoient, les seuls objets qui la touchassent, elle avoit du dégoût pour tout le reste : ainsi, quand elle se vit une fois de retour à la mission, elle se fit une loi de n'en plus sortir ; elle y arriva vers le temps de la semaine sainte, et c'est, pour la première fois, qu'elle assista aux cérémonies de ces saints jours. Je ne m'arrêterai pas , mon révérend père, à vous décrire ici combien elle fut attendrie d'un spectacle aussi touchant que celui des douleurs et de la mort d'un Dieu pour le salut des hommes ; elle répandit des larmes presque continuelles, et elle, forma la résolution de porter, le reste de ses jours, dans son corps, la mortification de Jésus-Christ. Depuis ce temps-là, elle chercha toutes les occasions de se mortifier , soit ppur expier des fautes légères, qu'elle regardoit comme autant d'attentats contre la majesté divine, soit pour retracer dans elle, l'image d'un Dieu crucifié pour notre amour. Les entretiens d'Anastasie qui lui parloit souvent des peines de l'enfer, et des rigueurs que les Saints ont exercées sur euxmêmes, fortifièrent l'attrait qu'elle avoit pour les austérités de la pénitence ; elle s'y sentit encore


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