Choix des lettres édifiantes écrites des missions étrangères. Tome 7, volume 1. Partie 2

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que le jeune homme n'en fût dehors. Cette fermeté" outragea ses parens, qui crurent recevoir par là un affront, et ils résolurent de ne pas en avoir le d é m e n t i ; ils tentèrent encore d'autres stratagèmes, qui ne servireut qu'à faire éclater davantage la fermeté de leur nièce. L'artifice n'ayant pas réussi , on eut recours à 4a violence ; on la traita comme une esclave, elle fut chargée de tout ce qu'il y avoit -à faire de plus p é nible et de plus rebutant ; ses actions les plus innocentes étoient interprétées malignement, on lui reprochoit sans cesse son peu d'attachement pour ses p a r e n s , ses manières farouches et sa stupidité, car c'est ainsi qu'on appeloit l'éloignement qu'elle avoit du mariage; on l'attribuoit à une haine secrète qu'elle portoit à la nation iroquoise, parce qu'elle étoit de race algonquine; enfin, on mit tout en œuvre pour ébranler sa constanceLa jeune fille souffrit tous ces mauvais traitemens avec nne patience invincible , et, sans rien perdre de son égalité d'ame et de sa douceur naturelle, elle rendit tous les services qu'on exigeoit d'elle, avec une attention et une docilité qui étoient au-dessus de son âge et de ses forces ; peu à peu ses parens s'adoucirent, àls. lui rendirent leurs bonnes grâces, et ils ne l'inquiétèrent plus sur le parti qu'elle avoit pris. En ce t e m p s - l à , le père Jacques de Lamberville fut conduit par la Providence,au village denotre jeune Iroquoise , et il reçut ordre de ses supérieurs de s'y a r r ê t e r , bien qu'il semblât plus naturel que ce père


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