C É L È B R E S .
335
Cette étude étoit le seul délassement qu'il se permît au milieu de ses travaux apostoliques. Comme il arriva de bonne heure dans la mission , il y trouva quantité d'anciens colons, quelques flibustiers, et d'autres personnes, témoins occulaires des événemens tout récens, passés depuis le commencement des établissemens des Français dans cette colonie : ce fut sur leurs mémoires, corrigés et éclairçis les uns par les autres , qu'il dressa une histoire de SaintDomingue; il trouva dans Oviedo, et dans d'autres historiens espagnols , ce qui regardoit les temps autérieurs, c'est-à-dire , la narration de tout ce qui s'est passé depuis l'entreprise de Christophe Colomb, jusqu'au commencement de l'arrivée des Français, et de leurs premiers exploits à la côte; il y ajouta l'état présent de l'île , dont il avoit parcouru une bonne partie, et l'histoire naturelle, autant qu'il l'avoit pu étudier par l u i - m ê m e , en profitant des lumières d'Oviedo d'Acosta, et d'autres sources. Il garda long-temps cette histoire manuscrite, se d é fiant de son style q u i , effectivement avoit bien des défauts; il se détermina enfin à envoyer ses papiers au père de Charlevoix qui, dans son histoire de SaintDomingue , rend compte de l'usage qu'il a fait des mémoires du père le Pers. Ce missionnaire, peu satisfait de la manière dont il avoit traité l'histoire naturelle, se mit en tête de s'appliquer à la botanique. La méthode de M. de Tournefort lui étant tombée entre les mains, l'ardeur d'herboriser le saisit, et lui tint désormais, après les fonctions de son ministère, lieu de toute autre