Choix des lettres édifiantes écrites des missions étrangères. Tome 7, volume 1. Partie 2

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directement au prince Charles , qui gouvernoit sous le nom et pendant la maladie de la reine Jeaune sa mère. Cette résolution étoit h a r d i e , et ne paroissoit guères prudente ; le jeune souverain obsédé par les ministres flamands, ne s'embarrassoit guères des Indes, il étoit trop occupé d'affaires plus importantes, qu'il avoit sur les bras au commencement d'un règne épineux. Las-Casas se rendit à la cour ; et comme on aime à y voir des hommes extraordinaires, il y fut reçu avec distinction. Le seigneur de Chievres, gouverneur et principal ministre de Charles d ' A u t r i c h e , l'écouta avec plaisir : les ministres flamands eurent aussi avec lui de fréquentes conférences; la jalousie qui régnoit entre les Espagnols et les Flamands au sujet de la confiance du p r i n c e , que ces derniers possédoient, servit beaucoup au missionnaire. Les Flamands furent charmés d'entrer en counoi'ssance d'une affaire, qui donneroit un nouveau relief à leur autorité , et leur feroit naître un nouveau moyen de mortifier leurs rivaux : ils promirent de faire a t tention à ses remontrances ; mais les affaires qui survinrent à Charles, et les mouvemens qu'on se donna, pour faire tomber la couronne de l'Empire sur sa tête déjà chargée de tant de diadèmes, occasionnèrent des lenteurs, qui donnèrent le loisir aux intéressés de prendre des mesures pour faire échouer le projet du missionnaire. On opposa un homme dont l'autorité étoit capable de balancer celle du vertueux ecclésiastique; c'étoit l'évêque de Darlen. L'exemple de Saint-Domingue avoit déjà servi de


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