Choix des lettres édifiantes écrites des missions étrangères. Tome 7, volume 1. Partie 2

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ne pourroit plus les contenir, s'ils les poussoient ainsi aux dernières extrémités ; ils n'en continuèrent pas moins leurs brigandages ; ils firent p l u s , ils abandonnèrent la forteresse , et ayant pénétré chez les nations voisines, ils laissèrent partout les plus funestes impressions de leur libertinage. Tant de crimes ne furent pas long-temps impunis : les Indiens qui ne ponnoissoient ces étrangers que par leurs viol e n c e s , leur dressèrent des embûches. Caunabo, un des caciques de l'île, en surprit quelques-uns lorsqu'ils enlevoient ses femmes, et les massacra t o u s : ce fut là comme le signal du soulèvement général ; on ne fit plus de quartier à tous ceux qu'on put découvrir. Ce succès enfla le cœur des I n d i e n s , qui s'aperçurent qu'il n'étoit pas si difficile de se délivrer de ces hommes qui leur paroissoient si terribles auparavant , et dont la seule vue les faisoit trembler. Caunabo, à la tête de ce .qu'il put ramasser de ses vassaux , s'avança jusqu'au fort de la Navidad , où il n'y avoit que cinq soldats q u i , fidèles aux ordres d'Arafia, ne voulurent jamais le quitter Î en vain le fidèle et zélé Guacanariq vola-t-il au Secours de ses amis; surpris d'une attaque si b r u s q u e , il n'eut pas le temps de s'y préparer. L'armée de Caunabo, beaucoup plus forte , eut aisément le dessus, et le cacique blessé fut forcé d'abandonner ses nouveaux alliés à leur mauvais sort. Que pouvoient faire cinq hommes contre une multitude innombrable de ces barbares ? ils se défendirent pourtant avec beaucoup de valeur, et les Indiens n'osoient les approcher pendant


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