Choix des lettres édifiantes écrites des missions étrangères. Tome 7, volume 1. Partie 2

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doient comme descendus du c i e l , ils lâchoient de se conformer à leurs manières : une croix qu'on avoit plantée au milieu de leurs habitations., devint bientôt l'objet de leur vénération. A l'exemple des Espagnols , ils se prosternoient à t e r r e , ils se frappoient la poitrine, ils levoient les yeux et les mains vers le c i e l , et sembloient déjà rendre leurs hommages au vrai Dieu, qu'ils ne connoissoient encore que d'une manière fort imparfaite. Le vaisseau que montoit l'amiral étoit mouillé sur un fonds de mauvaise terre : ayant chassé sur ses a n c r e s , il alla tout à coup se briser contre des roches ï fleur d'eau, qu'on nomme ici récifs. Cet accident déconcertoit les mesures de C o l o m b , e t le mettoit, pour ainsi dire , à la merci des Indiens. Le bon roi Guacanariq n'oublia rien pour le consoler de cette perte ; il commanda sur le champ une nombreuse escadre de canots pour aller au secours du bâtiment étranger ; et de peur que la vue de la proie ne tentât ses sujets, il alla lui-même les tenir en respect par sa présence : il fit promptement retirer tous les effets du vaisseau , les fît transporter dans un magasin sur le bord de la m e r , et les fit garder avec soin. E n f i n , touché de l'affliction de C o l o m b , ce bon prince versa des larmes , e t , pour le dédommager autant qu'il lui étoit possible., il lui offrit tout ce qu'il possédoit dans l'étendue de ses Etats , et le pria d'y fixer sa demeure. L'amiral à qui il restoit une caravelle, obligé d'aller rendre compte en Espagne de sa découverte , répondit à ce généreux cacique, qu'il ne pouvoit pas


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