Choix des lettres édifiantes écrites des missions étrangères. Tome 7, volume 1. Partie 2

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à ce cri qui déceloit l'embuscade , les ennemis t o u r nèrent face, firent route vers le rivage opposé , et forcèrent de rames pour s'y sauver à la faveur des ténèbres et des bois : cette manœuvre aussitôt r e c o n n u e , que faire? douze cents Sauvages s'ébranlèrent , et volèrent à leur poursuite avec des h u r l e mens aussi effrayans par leur continuité que par leur nombre. Cependant des deux c ô t é s , on sembla d'abord se respecter, pas un seul coup de fusil ne fut lâché ; les agresseurs n'ayant pas eu le temps de se former , craignoient de se tirer mutuellement, et vouloient d'ailleurs des prisonniers. Les fugitifs employoient plus utilement leurs bras à accélérer leur fuite ; ils touchoient presqu'au terme, lorsque les Sauvages, qui s'aperçurent que leur proie alloit leur échapper , firent feu ; les Anglais, serrés de trop près par quelques canots avant-coureurs, furent obligés d'y répondre ; bientôt un silence sombre succéda à tout ce fracas; nous étions, dans l'attente d'un s u c c è s , lorsqu'un faux brave s'avisa de se faire honneur par l'histoire fabuleuse du combat, auquel il n'avoit sûrement pas assisté ; il débuta pas assurer que l'action avoit été meurtrière pour les Abnakis ; c'en fut assez pour me mettre en action : muni des saintes huiles , je me jetai avec précipitation dans un c a n o t , pour aller au-devant des combattans; je priois à chaque instant mes guides de fane diligence; il n'en étoit pas besoin, du moins pour moi. Je fis rencontre d'un Abnakis q u i , mieux i n s t r u i t , parce qu'il avoit été plus b r a v e , m'apprit que cette action si meur rière s'étoit terminé à u n Nipislingue t u é , e t un


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