Choix des lettres édifiantes écrites des missions étrangères. Tome 7, volume 1. Partie 2

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M A R R O N S .

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de revoir , l'un son p è r e , l'autre sa m è r e , celui-ci son fils ou sa fille ; et comme plusieurs de ceux que je menois, n'avoient pas vu la ville depuis très-longtemps, et qu'ils y remarquèrent bien du changement, notre marche étoit t r è s - l e n t e , afin de leur donner le plaisir de satisfaire leur curiosité ; ce qui laissoit en même temps la liberté à leurs camarades de les embrasser, en faisant retentir l'air de mille cris d'alégresse et de bénédiction. Ce qu'il y avoit pourtant de plus frappant, c'étoit une troupe de jeunes enfans des deux sexes, qui étoient nés dans les bois, et qui n'ayant jamais vu de personnes blanches, ni de maison à la française, ne pouvoient se lasser de les consid é r e r , en marquant, à leur façon , leur admiration. Je conduisis d'abord mon petit troupeau à l'église , où il y avoit déjà une grande assemblée à cause de la fête de S. François Xavier : mais elle fut bientôt pleine par la foule qui nous suivoit. Je commençai par faire faire à ces pauvres misérables une espèce d'amende honorable : 1°. à Dieu dont ils avoient abandonné le service depuis si l o n g - t e m p s ; 2°. à leurs maîtres et aux colons, à qui plusieurs d'entre eux avoient porté beaucoup de préjudice ; 3°. à leurs compagnons , du mauvais exemple qu'ils leur avoient donné par leur fuite , par leurs vols, e t c . , après quoi je dis la sainte messe en action de grâces : ils y assistèrent avec d'autant plus de plaisir et de dévotion, que plusieurs d'entre eux ne Tavoient pas entendu depuis quinze ou vingt ans , et lorsqu'elle fut finie, je les présentai à M. le gouverneur, qui confirmade pardon que


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