Choix des lettres édifiantes écrites des missions étrangères. Tome 7, volume 1. Partie 2

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Je me fis alors annoncer à plusieurs reprises , par une espèce de gros coquillage quia presque la forme d'un cône, et dont on se sert ici au lieu de cloche, pour donner aux Nègres le signal du lever et des heures du travail; mais voyant que personne ne paroissoit, je me mis à parcourir tout l'emplacement, où je ne reconnus les vestiges que de deux ou trois hommes, dont les pieds étoient imprimés sur la cendre. Je compris que ceux que je cherchois, n'avoient pas osé paroître là depuis qu'on leur avoit donné la chasse : il nous fallut donc encore loger , comme nous avions fait le jour précédent, c'est-à-dire , que nous construisîmes notre petit ajoupa pour passer la nuit. Il me seroit impossible , mon révérend père , de vous exprimer tout ce que la crainte inspira à mes gens de me représenter ; ils appréhendoient qu'à chaque instant on ne tirât sur nous quelque coup de fusil, ou qu'on ne décochât quelque flèche. J'avois beau les rassurer de mon mieux, ils merépondoient toujours qu'ils connoissoient mieux que moi toute la malignité du Nègre fugitif. Cependant la Providence ne permit pas qu'il nous arrivât aucun accident fâcheux durant cette nuit ; et m'étant levé à la pointe du jour, je fis encore sonner de mon coquillage qui me servoit comme de cor-de-chasse, et dont le son, extrêmement aigu, doit certainement se faire e n tendre fort au loin , surtout étant au milieu des vallons et des montagnes. Enfin , après avoir long-temps attendu et m'être promené partout, comme la veille, ne voyant venir personne, je résolus d'aller à l'empla-


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