Choix des lettres édifiantes écrites des missions étrangères. Tome 7, volume 1. Partie 2

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<t) et pourquoi ne viens-tu plus m'aider, à l'ordinaire ? » Je jeûne, nie répondit-il ». Sa réponse m'étonna fort; mais je fus bien plus surpris, lorsque lui en ayant demandé la raison , il me dit qu'il jeûnoit parce que sa femme étoit en couches. Je lui fis sentir sa bêtise, et lui ordonnai d'aller prendre à l'heure même de la nourriture. « Si la femme est » en couches, lui ajoutai-je, c'est à elle à jeûner, et M non pas à toi ». Il goûta cette raison , et vint peu après travailler comme il faisoit auparavant. ils n'abandonnent point leurs morts comme d'autres barbares. Quand quelqu'un de leur famille est décédé, ils le mettent dans un pot de terre,proportionné à la grandeur du cadavre, et l'enterrent dans leurs propres cabanes : c'est pourquoi, tout autour de chaque cabane, on voit la terre élevée en espèce de talus, selon le nombre des pots de terre qui y sont enterrés. Les femmes pleurent les morts trois fois le jour , dès le matin , à midi, et vers le soir : cette cérémonie dure plusieurs m o i s , et autant qu'il leur plaît. Cette sorte de deuil commence même aussitôt qu'ils jugent que la maladie est dangereuse : trois ou quatre femmes environnent le hamac du malade avec des criset des hurlemens effroyables, et cela dure quelquefois quinze jours desuite. Le malade aime mieux qu'on lui rompe la tête, que de n'être pas pleuré de la sorte, car si l'on manquoit à cette cérémonie , ce seroit un signe infaillible qu'il n'est pas aimé. Ils croient à l'immortalité de l'ame , mais sans savoir ce qu'elle devient pour la suite j ils s'imaginent


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