Choix des lettres édifiantes écrites des missions étrangères. Tome 7, volume 1. Partie 2

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des plus anciens de la bourgade : toute la science de ces prétendus médecins, consiste à souffler autour du malade pour en chasser la maladie. Quand je sortis la première fois de Caysa, je laissai malade la fille d'un des deux capitaines ; lorsque je revins peu après, je la trouvai guérie. Ayant eu alors quelques accès de fièvre, sa mère m'exhorta fort à me faire souffler par leur médecin. Comme elle vit que je me moquois de sa folle crédulité : « Ecoute , me dit— » e l l e , ma fille étoit bien mal quand tu nous quittas; M tu la trouves en parfaite santé à ton retour : comw ment s'est-elle guérie ? c'est uniquement en se fai» sant souffler ». Lorsqu'une fille a atteint un certain âge, on l'oblige à demeurer dans son hamac, qu'on suspend au haut du toit de la cabane : le second mors on baisse le hamac jusqu'au milieu; et le troisième, m o i s , de vieilles femmes entrent dans la cabane ar-. niées de bâtons ; elles courent de tous côtés en frappant tout ce qu'elles rencontrent, et poursuivant, à ce qu'elles disent, la couleuvre qui a piqué la fille, jusqu'à ce que l'une d'elles mette fin à ce manège, en disant qu'elle a tué la couleuvre. Quand une femme a mis un enfant au monde , c'est l'usage que son mari observe, durant trois ou quatre jours, un jeûne si rigoureux , qu'il ne lui est pas même permis de boire. Un Indien de bonne volonté m'aidoit à construire ma cabane, lorsque j'étois à Caysa ; il disparut pendant deux jours : le troisième jour je le rencontrai avec un visage bave et tout défait : « D'où te vient cette pâleur, lui dis-je }


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